Après un très mauvais Vivisector sorti en 2007 en France, Action Forms nous avait fait froid dans le dos avec l'annonce de Cryostasis, qu'on pensait être de la même trempe. Mais avec un univers travaillé et plutôt original, une ambiance vraiment angoissante, Cryostasis pourrait très bien venir concurrencer F.E.A.R. 2 : Project Origin dans la catégorie des FPS qui font peur.
Que se passe t-il sur le North Wind ?
Vous incarnez Alexander Nesterov, un jeune météorologiste russe qui est envoyé par le gouvernement soviétique dans le cercle polaire à bord d'un brise glace atomique soviétique du nom de North Wind. Inauguré en 1948, le North Wind est un immense bâtiment à propulsion atomique construit par l'Union Soviétique pour lancer des expéditions au pôle Nord. Tout dans ce navire est prévu pour la navigation dans les eaux froides, de sa conception même à l'équipement de bord prévu pour résister aux températures glaciales du Nord. Le capitaine du navire à pris son commandement lors du lancement en 1948 et à réussi à le mener à travers les mers pendant 20 ans durant lesquels il à effectué de nombreuses missions.Le voyage final du North Wind à commencé dans son port de Mourmansk d'où il est parti pour tester un nouveau système de balayage à travers les glaces (du nom de LOZA) et pour convoyer des condamnés vers l'Est glacial du pays. Mais le navire n'a jamais atteint sa destination et il à fait naufrage près du pôle Nord, pris dans les glace. C'est là que vous intervenez...
Mental Echo et Thermodynamique
Si la toile de fond (background en anglais) du jeu est originale, la manière de conter le scénario l'est tout autant. Notre jeune météorologiste est en effet doté d'un pouvoir de « Mental Echo » qui vous permet de pénétrer dans le passé de chaque marin décédé afin de changer son destin. Ce mystérieux pouvoir (on ne comprend pas trop comment notre héros possède cette capacité d'ailleurs) va ouvrir au joueur les portes du scénar du jeu via des flashbacks de très grande qualité. Une très grande partie du jeu repose sur ce principe de pouvoir changer dans le passé les actions des marins (mais aussi des animaux...), afin de les modifier les situations dans le temps présent. Ce pouvoir est en effet le moyen de proposer des puzzles assez simples au joueur tout en lui permettant de comprendre ce qui s'est passé sur ce navire. En général, avant de sauver notre brave de la mort, ce sera l'occasion d'activer des interrupteurs, ouvrir des portes ou encore résoudre des situations qui peuvent paraitre inextricables dans le présent (comment franchir ce couloir obstrué, ou comment franchir cette flaque électrifiée). Une fois l'action finie, le joueur revient dans la peau du météorologue, et le cadavre à disparu.Le passé de chaque marin ainsi que des dessins retrouvés ici et là sur le bateau vous aideront à reconstituer une histoire envoûtante et très prenante, véritable ossature de Cryostasis, relevée par ailleurs par des doublages français de bonne facture.
Le « Mental Echo » n'est pas la seule innovation du titre, puisque ce dernier repose sur un système de santé original. Pour renforcer l'immersion, le HUD est minimaliste et les développeurs on cherché un moyen pour que la reprise de vie soit crédible (sans pour autant être réaliste). C'est ainsi que le joueur regagne des points de santé grâce aux sources de chaleur qui se trouvent sur le navire : feux de palette, tuyaux, les lampes, les ampoules etc. Plus la chaleur est intense, plus vous regagnez de vie, et plus longtemps vous pouvez affronter les éléments déchainés (une grosse tempête de vent glacial du nord vous fait perdre rapidement le peu de chaleur que vous auriez pu accumuler. Cette idée aurait pu être géniale si elle n'avait pas été surexploités par les développeurs. En définitive, il n'y a que peu de stress lié à la température de votre corps car les sources de chaleur sont nombreuses et variées. Diminuer leur nombre ou alors les placer plus intelligemment aurait permis de faire encore monter d'un cran la pression exercée sur le joueur.
On déplore que les développeurs n'aient pas poussé un cran au dessus l'immersion avec une plus grande conscience du corps dans le jeu. Nul dont que ce dernier aurait gagné en crédibilité avec des animations plus travaillées. A l'heure actuelle, c'est la même animation qui sert à activer les leviers et ouvrir des portes blindées. C'est vraiment dommage, notamment lorsque les dernières productions poussent en ce sens (et Mirror's Edge est exemplaire en ce sens).
Un jeu, une ambiance
Outre son scénario et ses quelques bonnes idées de gameplay, Cryostasis arrivera sans aucune peine à vous faire peur (sursauter pour ceux qui ont les plus grosses couilles). On peut clairement identifier deux phases dans le jeu, dans la première la peur est liée à votre arsenal, où vous prierez pour ne pas rencontrer d'ennemis, armé de votre simple robinet-vanne et d'une pauvre chaine en fer ; dans la deuxième la peur est bien plus scénarisée et scriptée, à la manière d'un Doom 3 et d'un F.E.A.R. 2 : Project Origin. Ajoutez à cela l'univers dont nous avons déjà parlé et une ambiance très oppressante, et vous obtenez un savant mélange. Néanmoins, le revers de la médaille est le côté scripté et linéaire du jeu. Ce dernier est extrêmement dirigiste et ne vous laissera pas d'alternatives : c'est tout droit et la majorité des portes n'ont pas de poignée, pour pas qu'on se risque à vouloir les ouvrir. L'autre problème est la répétitive des environnements : le jeu se déroule dans le brise glace et vous allez en explorer les moindres recoins. Si certains endroits sont un peu atypiques comme un abattoir, le moteur nucléaire, la majorité des pièces visitées sont quand même très semblables : deux portes et un interrupteur, un mobilier très minimaliste et très statique.Ajoutez à cela les combats qui sont plutôt mous (à cause des armes et des déplacements du héros) et vous tenez la les deux épines que le jeu à dans le pieds (enfin, dans le CD). Mais clairement, le jeu est plus orienté vers l'exploration que vers le FPS pur et dur, même si on rencontre largement plus d'ennemis au fur et à mesure de la progression dans le jeu.
Une technique qui désert le gameplay
Les graphismes, mis en avant par les développeurs au travers du programme de Nvidia "It's Meant to be played" et de l'implantation des effets PhysX dans le jeu s'avèrent finalement être un élément qui désert le jeu. Passé les hallucinants effets de fonte de la glace lorsqu'une source de chaleur est proche, on se rend vite compte que le moteur du jeu, même s'il est très beau, demande une configuration monstre pour jouer.En effet, même sur un PC à 1000 euros, le jeu se permet de ramer atrocement. Sur ma machine, j'ai pratiquement dû mettre toutes les options graphiques au minimum pour pouvoir jouer dans des conditions à peu près correctes. Et encore ! Quand la taille des salles dépassait les 3 mètres carrés (pas souvent donc, si vous suivez) ou quand les lumières dynamiques s'invitaient, le nombre d'images par secondes dégringolait en flèche. Alors certes, les graphismes sont de qualité, certes certains effets sont saisissants, mais un moteur si peu optimisé est une honte pour un jeu sortant exclusivement sur PC. Si encore le jeu pouvait se targuer d'offrir de vastes environnements, on pourrait aisément lui pardonner ces quelques chutes de framerate, mais il n'en est rien. 95% du jeu vous ferra évoluer dans des petites salles et le nombre d'ennemis simultanés n'excède jamais 3.
Pire ! Pour un jeu se targuant d'afficher le logo PhysX sur sa boite, je peux vous garantir que la gestion de la physique fait pitié. Si certains objets peuvent être bougés, c'est vraiment le strict minimum. Le jeu donne une mauvaise impression de rigidité : On ne peut toucher à rien, des portes de placard entrouvertes aux tiroirs des bureaux etc. Non seulement on ne peut rien toucher, mais en plus de cela, on ne peut rien détruire, même pas une misérable caisse en bois. Après Crysis et avec les progrès dans ce domaine ces dernières années, je peux vous garantir que cela fait tout bizarre
La conclusion de la fin
Comme on en attendait rien, Cryostasis se révèle finalement être une bonne surprise en ce début d'année. Une ambiance oppressante, un scénario bien travaillé et bien raconté, quelques innovations de gameplay en font un titre assez frais et plutôt agréable. Malheureusement, seuls les mieux équipés pourront en profiter pleinement, la faute à un moteur extrêmement gourmand. Ne vous attendez pas à un jeu frénétique, le rythme est plutôt lent et s'apparente plus à un jeu d'aventure qu'à un FPS rapide et nerveux.Avec une petite dizaine d'heure de durée de vie, l'aventure est honnête, d'autant que le jeu est vendu à petit prix. Par contre, la rejouabilité du titre est assez mauvaise, d'autant qu'il ne possède pas de mode multijoueur, ni de mode coopératif.
Configuration de test : Carte mère : Asus P5N-E SLI
Processeur : Intel Core 2 Duo E6750 @2.66 Ghz
Carte graphique : EN 8800 GTS
Mémoire vive : OCZ Platinium 2 x 1 Go PC6400 R2