Les cheats codes ou codes de triche, ont accompagné le développement des jeux vidéo depuis leur origine. Ces derniers ont été créés avant l'avènement d’Internet, sur les consoles, pour répondre aux besoins des testeurs, ce qui leur permettait d’accéder à différents niveaux du jeu instantanément, ou de tester de nouvelles fonctionnalités qui venaient d'être développées, sans avoir à rejouer le jeu depuis le début, à une époque où les sauvegardes n’existaient pas et où les jeux reposaient sur la mécanique du « die and retry » pour augmenter leur durée de vie (naturellement ou artificiellement). Sur PC, les codes ont fait leurs débuts à l’époque des ordinateurs de bureau comme le Spectrum et le Commodore 64, où les joueurs qui souhaitaient apprendre la programmation modifiaient les disquettes d'origine pour pouvoir ajouter des vies ou une invincibilité, pour voir comment le jeu fonctionnait et ainsi pouvoir en créer d'autres. Les codes ont ensuite accompagné le développement de l'industrie vidéoludique, au sens large, et la presse spécialisée  –  et plus particulièrement les magasines –  ont prospéré sur ce segment.
À mesure que les jeux vidéo se sont massifiés, ils se sont également simplifiés, rendant l'utilisation des codes de triche inutile par une grande partie des joueurs. Cela explique que ces derniers ont été abandonnés peu à peu au tournant des années 2000 sur consoles, et sur PC ils ont été remplacés par le modding qui permet aux bidouilleurs d'assouvir leurs besoins de décortiquer leurs jeux préférés. Avec le développement des jeux en ligne, les cheats ont été assimilés  – à juste titre –  à une pratique néfaste, par analogie au dopage dans le monde du sport. À tel point que les bannissements par le système anti-triche de Valve (le VAC) sont permanents et non négociables.

En est-ce pour autant terminé de la triche ? Il semblerait que non, c'est en tout cas le pari que fait l'entreprise allemande MegaDev en proposant Plitch, une plateforme permettant de faciliter le cheat, pour les jeux hors ligne. Est-ce que Plitch va rester dans l’histoire comme le « Konami Code » en son temps ? Éléments de réponse dans notre test.

Le principe même de Plitch est assez simple, il s'agit de regrouper au même endroit plusieurs dizaines de milliers de codes pour plusieurs milliers de jeux. Il existe une version gratuite, mais bridée, et une version payante (avec des prix dégressifs qui débutent à 8,99 EUR par mois pour un abonnement d'un mois et qui peuvent tomber à 4,49 EUR par mois dans le cadre d'un abonnement annuel). Pour tester le service, nous avons reçu un code de la part de l'éditeur nous donnant accès à un compte premium pendant quelques semaines. Nous avons donc eu tout le loisir de pouvoir tester Plitch sur plusieurs jeux, afin de vous donner un avis complet.

Plitch se présente sous la forme d'un client Windows (les autres OS ne sont pas supportés) à télécharger (72 Mo). Une fois le logiciel installé, il occupera 220 Mo sur votre disque. Afin de profiter au mieux de Plitch, il est conseillé d'avoir deux écrans, car il est plus pratique d'avoir le jeu lancé sur un écran et Plitch ouvert sur l'autre, vous permettant ainsi de lancer plus facilement les codes de triche sur votre jeu. Si vous n'êtes pas équipés d'un deuxième écran, les développeurs ont pensé à vous et proposent également une application mobile baptisée « PLITCH Link ». Pour la faire fonctionner, il faudra que votre téléphone soit connecté via Wi-Fi sur le même réseau que votre ordinateur.

Par défaut, l'interface du client est en nuances de bleue avec des touches de vert fluo, ce qui est, je trouve, du plus mauvais goût. Heureusement, les développeurs proposent dans les options de changer de skins, dont certains en nuance de gris qui sont moins agressifs pour la rétine. On regrette que tant qu'à faire, les développeurs n'aient pas poussé le concept jusqu'au bout en permettant de personnaliser les couleurs des éléments de l'interface en fonction des goûts du joueur. Néanmoins, l'interface du client reste claire et ce dernier agréable à utiliser. On retrouve sur l'accueil quelques statistiques personnelles (nombre de codes de triche utilisés, temps d'utilisation en heures et minutes, les notes de mise à jour et les jeux joués récemment. On retrouve également, et c'est quand même plus étrange, les jeux les plus joués et les recommandations basées sur notre historique de lancement de jeux, ce qui laisse quand même pantois. Ce n'est pas parce que j'ai lancé GTA V qu'il faut me recommander tous les GTA, car je ne les possède pas forcément sur mon PC... On retrouve également un lien avec les jeux favoris, et un moteur de recherche pour savoir si votre jeu préféré est dans la liste de PLITCH. Cette dernière possède plus de 3600 jeux enregistrés, avec des mises à jour régulières. Les principales plateformes de jeu sont supportées, et Plitch est compatible avec Steam, Epic Games Store, GoG, Uplay, etc.

De fait, et c'est là le principal avantage de Plitch, c'est qu'il s'agit d'une plateforme sans prise de tête, sans avoir besoin de mettre la main dans le code, vous permettant de tricher pour vos jeux favoris sans avoir à bidouiller. Et il faut bien avouer que c'est plutôt efficace. Au cours de nos tests, nous avons lancé une grosse quinzaine de jeux, du jeu indépendant au plus gros blockbuster, des jeux plus anciens aux jeux sortis en 2021. Force est de constater que dans la majorité des cas, tout s'est parfaitement bien passé. S'ajouter 5 millions de dollars dans Grand Theft Auto V, pouvoir tirer sans recharger dans Borderlands : The Pre-Sequel!, avoir les munitions infinies dans Doom Eternal ou encore avoir les bâtiments qui se réparent automatiquement dans Age of Empire IV : tout cela est possible avec Plitch, et effectué simplement en cliquant sur l'option désirée dans le menu du jeu correspondant.

Attention cependant, la traduction française de Plitch est encore incomplète. Si l'interface est traduite sans souci majeur, il n'en est pas de même des contenus des cheats, qui restent en anglais, ainsi que des explications pour lancer certains codes de triche. En effet, certains jeux ont des générations procédurales, ce qui empêche de lancer les codes en amont et oblige à les lancer après le lancement du jeu, voire de certaines actions dans le jeu. Il y a donc parfois certaines actions à effectuer, mais les explications pourraient s'avérer difficilement intelligibles pour des joueurs ne maîtrisant pas parfaitement l'anglais. Cela reste simple (on ne met pas de main dans des fichiers de config, par exemple), mais nécessite toutefois de bien assimiler les consignes de lancement sous peine de ne pas voir les codes fonctionner.

Globalement, Plitch s'est montré bien réactif et fonctionnel dans à peu près toutes les configurations. Nous avons ainsi pu tester des jeux Steam, Origin, Epic Games Store, voire nécessitant deux clients (Steam + Rockstar Games Laucher) et quasiment tous les jeux ont fonctionné. Restent deux jeux qui ont posé problème : sur My Memory of Us, l'activation du cheat ne permet plus de jouer, car les commandes ne répondent plus, ni à la manette ni au clavier ; et sur Dirt Showdown, l'activation du cheat ne fonctionnait pas, puis à carrément fait cesser de faire fonctionner le jeu qui plante désormais systématiquement juste après les écrans de chargement. Les membres Premium bénéficient du support utilisateur, j'ai donc posté un message sur le forum pour expliquer mon problème, mais aucune solution concluante ne m'a été proposée.

Conclusion

Que penser de Plitch ? Voilà une question à laquelle il est difficile d'apporter une réponse ferme et définitive. Si l'on se contente du strict plan fonctionnel, Plitch fonctionne, en tout cas sur une majorité de titres : il est possible d'activer des codes de triche et leur utilisation est simple d'accès. Par ailleurs, Plitch est compatible avec toutes les plateformes existantes et n'est pas reconnu par les logiciels anti-cheat, ce qui était l'une de nos craintes initiales. Est-ce vraiment utile ? Personnellement, hormis l'aspect anecdotique de mettre toutes les ressources au max dans un RTS, je n'ai jamais compris l’intérêt d’ajouter des cheats qui permettent de finir le jeu plus facilement. Une grande part de la satisfaction que l’on trouve en jouant vient de la compréhension et de la résolution des problèmes qui sont posés au joueur. D'autant que les jeux qui sortent en 2022, sauf rares exceptions, dépendent de moins en moins du challenge et du score, et davantage du contenu du jeu à travers une histoire sans réelle difficulté.