Annoncé à l'occasion de l'E3 2016, Resident Evil 7 : Biohazard marque un tournant dans la série, après deux épisodes particulièrement orienté vers l'action, mais plutôt mauvais (mais si, souvenez-vous). Un retour vers le style plus traditionnel pour la série, à savoir un survival-horror, avec tout de même un changement de perspective. En effet, avec cet opus, la licence délaisse la vue à la troisième personne pour une vue à la première personne, permettant ainsi aux développeurs de mieux déployer leurs talents narratifs et d'intensifier l'immersion du joueur dans l'univers horrifique. Sir RE7 ne présente pas de lien apparent avec les précédents opus (notamment les personnages principaux Leon Kennedy, Claire et Chris Redfield et consorts), les fans de la série (et les autres) devraient prêter une attention particulière à ce titre, qui devrait les surprendre. Resident Evil 7 tient-il toutes ses promesses ? Voici notre verdict après avoir exploré le jeu de fond en comble, une lampe de poche tremblante à la main !
Retour aux US
Après un détour par l'Europe, l'Asie et l'Afrique, Resident Evil 7 revient une bonne fois pour toutes sur le sol américain pour proposer une aventure se déroulant en Louisiane (dans le sud profond des États-Unis). Vous incarnez Ethan Winters, un personnage dont on ne sait pas grand-chose dans le jeu, si ce n'est qu'il est à la recherche de Mia, sa femme disparue depuis trois ans. Alors qu'il s'est résigné, Ethan va recevoir un message le mettant sur la piste d'une plantation abandonnée, la maison de la famille Baker. C'est donc en plein milieu du bayou que vous allez être plongé, à la recherche de traces de votre femme et du passé, dans une histoire concoctée par Richard Pearsey (il a notamment travaillé sur F.E.A.R. Perseus Mandate et Spec Ops : The Line), dont je ne vais pas vous révéler les tenants et les aboutissants afin de ne pas vous gâcher la partie.Le survival-horror pré-moderne
La mode actuelle est au regard dans le rétroviseur pour revenir au gameplay pré-Call of Duty, imposé de force par les éditeurs aux studios de développement depuis une dizaine d'année. Une tendance qui n'est pas sans nous déplaire et Resident Evil 7 n'échappe pas à cette règle en proposant des sauvegardes manuelles via des enregistreurs audio. Ces enregistreurs sont d'ailleurs idéalement placés à bonne distance de l'action, dans des zones sécurisées et équipées de coffres permettant une bonne gestion de son inventaire. Car ce dernier reste limité et la gestion de vos ressources est une partie intégrante du jeu. Le loot sera votre quotidien dans la maison des Baker et vous serez constamment à la recherche d'indices, d'objets utiles et de munitions pour mener à bien votre quête. La combinaison de ressources vous permettra par ailleurs de préparer antiseptiques de soin et munitions pour vos armes.Les pétoires sont en effet nombreuses dans le jeu, seules rempart contre l'horreur et les abominations. Croyez-moi que l'on se sent tout de suite plus rassuré pour déambuler dans les couloirs de la demeure des Baker lorsque l'on possède un fusil à pompe ! Les armes possèdent un bon feeling, surtout les fusils et les pistolets de gros calibre qui donnent un vrai sentiment de puissance. Malheureusement, les armes sont rares et les munitions encore plus. Pendant tout le jeu, vous aurez donc à effectuer des choix cornéliens : « dois-je éliminer cet ennemi au risque de me priver de munitions ? ». En effet, dans le jeu, la survie est souvent synonyme de fuite – en tout cas en mode normal dans lequel nous avons bouclé le jeu. La seule présence d'un ennemi dans une zone peut vous forcer à reculer et à fouiller les décombres de la maison des Baker à la recherche de munitions ou de soins appropriés. Cet état de fait crée une tension palpable à chaque ouverture de porte et chaque nouvelle pièce explorée.
La progression dans le jeu se fait lentement, en se laissant porter par le scénario du titre au rythme imposé par les développeurs. Vous aurez à résoudre des énigmes (là encore, un retour aux sources) simples mais efficaces comme la combinaison d'éléments ou la recherches d'objets cachés dans les éléments du décor.
Mais ce qui fait vraiment l'essence du jeu, c'est l'aspect extrêmement soigné de la narration cinématographique de film d'horreur.
Un jeu qui fait peur... Vraiment !
Attention aux âmes sensibles, Resident Evil 7 : Biohazard est un jeu qui fait peur. Je ne suis pas particulièrement bon public pour les films d'horreur qui me font extrêmement rarement frissonner, ni pour les jeux qui ont généralement du mal à m'émouvoir. Cependant, RE7 a réussi à m'arracher quelques sursauts et ma femme, qui était spectatrice, a hurlé quelques fois. Les développeurs se sont emparé des codes du genre et les ont appliqués avec brio. On prend un malin plaisir à parcourir les couloirs à la lampe torche en se demandant à chaque instant si une bête immonde ne va pas nous sauter à la gorge.Néanmoins, il faut tout de même préciser que le jeu est composé de deux parties qui, si elles s'enchainent parfaitement bien, en restent différentes dans le style et l'ambiance. La première partie du jeu qui prend pour cadre la résidence des Baker est particulièrement prenante et ici le survival-horror prend tout son sens avec, justement un dosage parfait entre ces deux ingrédients que son l'horreur et la survie. La deuxième partie du titre, qui vous fera explorer d'autres environnements, est quant à elle plus orientée vers l'action et prend du temps afin d'être raccrochée « scénaristiquement » au début de l'histoire. C'est dommage, d'autant que la première partie du jeu était maitrisée de bout en bout. De plus l'accumulation du matériel rend cette deuxième partie beaucoup plus simple, trop simple même au regard de la première partie du titre, ce qui créée un déséquilibre dommageable. Et les combats de boss, pilier de la franchise, s'ils ont le mérite d'agrémenter la progression, sont plutôt ratés, se déroulant dans des environnements trop exigus et ruinés par des scripts maladroits. De fait, ils deviennent souvent plus frustrants qu'intéressants.
On l'a déjà abordé rapidement, mais il faut tout de même insister sur le fait qu'artistiquement, Resident Evil 7 est une réussite. On retrouve tous les codes du genre, qui sont exploités avec brio. Les développeurs se sont inspirés des classiques comme The Ring, Massacre à la tronçonneuse côté cinéma, F.E.A.R. ou encore Outlast côté jeux vidéo. Graphiquement, le jeu est propulsé par un moteur graphique maison, le RE Engine. Le moteur fait le job, malgré des limitations de la plateforme de test. Les développeurs ont en effet bloqué le nombre d'images par secondes sur la version Xbox One que nous avons testé, mais également ajouté un fort flou cinétique qui peut être perturbant. Par ailleurs, le FOV du titre est particulièrement étroit, ce que j'ai trouvé pénible lors de longues sessions de jeu. Si les développeurs le justifient comme une décision de game design, j'ai trouvé cela particulièrement gênant lors des gunfights, surtout lorsqu'il y a plusieurs monstres à l'écran, et d'autant que ceci est couplé avec une visée vraiment peu souple. Finissons tout de même sur une note positive en soulignant la partie sonore du titre, qui est efficace et qui permet ainsi de renforcer l'immersion du joueur dans cet univers glauque à souhait.
Conclusion
On pensait que Capcom avait depuis quelques années sacrifié l'âme de la licence Resident Evil sur l'autel des blockbusters formatés... Mais c'était sans compter sur Resident Evil 7. Cet opus démontre avec brio que les japonais sont encore les maîtres de l'horreur et ils délivrent ici tout leur savoir-faire. La plupart des joueurs ne sortiront pas indemnes de leur expérience de Resident Evil 7. Il n'en demeure pas moins que le jeu n'est pas exempt de défauts, notamment les combats contre les boss qui sont plus frustrants que palpitants, ou encore la dernière partie du jeu rendue plus déséquilibrée car trop facile et trop orientée vers l'action.
Avec Résident Evil, nous avions l'habitude des TPS, mais pour la version 7, il s'agit d'un FPS