Tous les amateurs de FPS le savent, le mois de novembre est traditionnellement monopolisé par la sortie d'un nouvel épisode de la série Call of Duty, permettant ainsi à Activision d'exploser divers records de ventes. Pour sortir un nouveau jeu par an, l'éditeur a développé un roulement entre les studios et, après avoir laissé la place à Treyarch pour Call of Duty : Black Ops l'année dernière, c'est maintenant au tour d'Infinity Ward de reprendre le flambeau et de balancer une nouvelle fois la sauce juste avant Noël. Sauf que l'année qui vient de s'écouler a connu de nombreux évènements judiciaires entre les fondateurs du studio (West/Zampella) et l'éditeur, ce qui fait que Call of Duty : Modern Warfare 3 a connu un développement un peu chaotique. En effet, ce n'est pas moins de 6 studios qui ont participé au développement de ce nouvel opus. Activision est allé chercher des renforts du côté de Sledgehammer Games qui a eu en charge la campagne solo, Beachhead Studios qui s'est chargé du développement d'Elite, le réseau social dédié à CoD, mais également Raven Software, Neversoft Entertainment et Treyarch qui ont soutenus les équipes principales sur la partie solo comme multi. Suite directe de Call of Duty : Modern Warfare 2, ce nouvel opus peut-il, malgré les difficultés rencontrées, devenir la nouvelle référence ?
Une campagne solo pan-pan boum-boum
Call of Duty : Modern Warfare 3 reprend l'intrigue là où elle avait été laissée à la fin de Call of Duty : Modern Warfare 2. On retrouve donc nos bons vieux héros peu charismatiques, Soap, Price et Nikolaï, qui vont se battre contre l'invasion Russe aux États-Unis puis pourchasser son instigateur, l'ultranationaliste Russe Makarov. La campagne solo vous fera donc incarner tous ces personnages, plus d'autres, sans grand lien scénaristique. On commence avec un membre de la Delta Force, puis on passe à la Task Force 141 en passant par le SAS, etc. On a pas vraiment le temps de s'identifier à tous ces personnages et la campagne, aussi pop-corn et grand public soit-elle, a eu du mal à me tenir éveillé. Ça commence très fort, avec l'invasion des États-Unis où vous vous trouvez projeté en plein Manhattan en ruines avec un seul objectif, venir à bout de ce couloir géant et des ennemis qui le parsèment sous des effets de pyrotechnie divers et variés. Vous l'aurez compris, ce nouvel épisode ne change pas la recette des précédents, et tombe même dans la surenchère constante quitte à mener à l'overdose. Des temps forts, il en existe à chaque niveau de Modern Warfare 3, que ce soit par l'intermédiaire d'une demande de bombardement, de l'apparition d'un événement climatique particulier, de la fragilité d'un parking… Le succès de la série tient d'ailleurs grandement à cette aptitude à créer des scènes-chocs qui en mettent plein la tête au joueur, leur proposant ainsi une expérience inoubliable, plutôt que dans des éléments de gameplay originaux. Bien évidemment, les grands couloirs bardés d'ennemis et d'explosions en tous genres seront parsemés de bons gros scripts qui tâchent bien comme il faut. Si la campagne démarre aux États-Unis, elle vous fera visiter du pays : Sierra-Leone, Royaume-Uni, Somalie, France, République-Tchèque, etc.Comme un air de déjà-vu
En définitive, mis à part quelques « nouveautés » anecdotiques comme le passage en robot téléguidé, cet opus reprend les recettes de la série, allant même jusqu'à pomper des éléments des jeux précédents. Cet hommage pourra sans doute être apprécié par les fanatiques de la licence, mais force est de constater que cet opus arrive à la fin d'un cycle (il clôture la trilogie Modern Warfare) et qu'on le ressent un peu. Tout ce déjà-vu est finalement assez grotesque dans un jeu qui depuis plusieurs années fait office d'extension stand-alone vendue au prix fort. C'est ainsi que les mêmes scènes de réveil après un crash, de ralenti après avoir embouti une porte ou de pseudo-inflitration se déclinent à l'infini. Ajoutez à cela que le rythme de la campagne s'essouffle un peu, — les premiers niveaux qui sont sacrément impressionnants mais ça s’essouffle vite — et vous obtiendrez un joli gâchis. Le jeu se conclu en plus sur une scène finale assez nulle. Niveau durée de vie, le jeu fait un peu mieux que ses prédécesseurs, puisqu'il m'aura fallu 7h pour finir le jeu en mode commando.Un jeu maîtrisé mais pas impressionnant
Le moteur graphique est le même que dans le précédent opus et il commence à sacrément vieillir, et il ne se bonifie pas avec le temps. Il compense son manque de finesse par un nombre d'images par secondes constant (60 FPS tout le long), sans ralentissements notables sur notre version Xbox 360 de test. La version Xbox 360 est légèrement plus réussie que la version PS3 qui sont elles-mêmes un cran en-dessous de la version PC. Cette dernière propose par exemple des textures et des ombrages de meilleure qualité. Les graphismes sont tout à fait acceptables, notamment toute la partie animations qui est très propre. Les environnements ne sont pas grands, et on doit souvent se contenter d'un couloir. Mais il s'agit d'un beau couloir. Reste quand même certaines tares graphiques comme les éclairages et les ombrages qui ne sont pas absolument pas dynamiques. Même le moteur, techniquement vieillissant, s'en tire encore honorablement pour cette génération de consoles.On notera bien quelques problèmes de scripts, qui entachent parfois un peu l'expérience de jeu, mais ils sont plutôt rares.
Un mot sur l'ambiance sonore du titre qui est de qualité, mais on regrette que la bande-originale soit en deçà de celle de Call of Duty : Black Ops. J'ai aussi remarqué quelques problèmes pour entendre les personnages dans certaines scènes. Les doublages français sont tout à fait corrects, mais les dialogues du jeu sont assez peu nombreux.
Un mode coopératif étoffé
Le mode coopératif est très soigné et est divisé en deux sous-modes : la survie (lutter contre des vagues d'ennemis de plus en plus fortes avec achats de soutiens divers entre les vagues), et le Spec Ops original introduit avec Modern Warfare 2. Ce dernier permet de jouer des missions très courtes (entre 5 et 10 minutes en règle générale), en coop (2 maximum) ou en solo. Les missions proposées sont pour la plupart issues de la campagne solo et des étoiles viendront vous récompenser si vous réalisez certains objectifs et 3 niveaux de difficultés sont disponibles pour chaque mission. Le facteur temps rentre souvent en jeu et j'ai trouvé que les 16 missions étaient variées. On commencera tranquillement avec un entraînement mais le mode Spec Ops offre aussi des missions où chaque joueur campe un rôle différent : l'un en couverture aérienne, et l'autre au sol, par exemple. ce genre de missions est d'ailleurs souvent plus intéressant pour un joueur que pour l'autre, mais il en fait pour tous les goûts. Quoi qu'il en soit, ce mode de jeu offre vraiment de petites parties sympathiques pour les amateurs de scoring en coop qui ne veulent pas y passer des plombes.Si vous avez un peu plus de temps, vous pourrez vous essayer à la Survie, qui est vraiment un mode très travaillé. A mon sens beaucoup plus intéressant et nerveux que le mode Zombie présent dans les opus signés Treyarch, j'y ai passé de très bons moments avec mon coéquipier, que dis-je, mon frère d'armes ! Les niveaux sont soignés et la coopération est absolument indispensable si vous souhaitez passer le niveau 20. De plus, le mode possède une grande rejouabilité puisque les vagues sont plus ou moins aléatoires. Il faudra bien se préparer entre chaque vague en prenant soin d'acheter le matériel adéquat (N.B. : la Claymore est votre amie), les munitions et mêmes les killstreaks. Bien évidemment, ce mode de jeu propose une progression basée sur l'XP, on regrette d'ailleurs qu'elle soit totalement dissociée du mode multijoueurs compétitif, que nous allons aborder immédiatement.
Un mode multi copié-collé
Si le mode solo est ultra-linéaire, ultra-classique et ultra-chiant — à vrai dire — il faudra se tourner vers le mode multi compétitif pour avoir un peu de nouveauté. Attention hein, ce n'est pas le Pérou et le jeu reste dans la plus grande tradition de la série, avec des parties où le nombre de joueurs est réduit, sur des cartes petites ou moyennes, ce qui rend le tout assez frénétique d'autant que le teamplay est totalement délaissé au profit de la performance personnelle. Les maps (au nombre de seize) ont perdu en verticalité avec au final un design toujours aussi dense et exigu mais favorisant moins le camping acharné depuis les hauteurs, ce qui, bien évidemment, est une excellente nouvelle. On notera la disparition des COD Points, introduits dans Black Ops, pour un retour vers un système plus simple de progression basé sur l'expérience. A cela s'ajoute la progression en niveau des armes, qui permet de leur attacher des améliorations liées à leur maîtrise ; comme la possibilité de diminuer le recul de chaque tir, d'augmenter le pouvoir perforant des balles, d'augmenter la taille du chargeur, mais aussi de leur adjoindre leurs équipements (les viseurs, lance-grenades, etc.), des réticules, des camouflages, etc. Toujours dans le détail, on note également la disparition de certains perks, l'équilibrage d'autres (souvent revus à la baisse) pour rendre le jeu globalement plus équilibré. Niveau modes de jeux, Saluons également le nouveau mode vraiment intéressant baptisé « Kill Confirmed » qui accompagne les 9 autres modes « standard » (Free For All, Team Death Match, Search & Destroy, Sabotage, Domination, Headquarters, Capture the Flag, Demolition et Team Defender). Il s'agit en fait d'un Team Deathmatch évolué, dans lequel il faut ramasser les dogtags (plaques de soldats) des joueurs que l'on a tué. C'est un mode vraiment réussi, parce qu'il change le comportement des joueurs face à la ligne de front. Certains tentent des percées risquées pour aller récupérer des dogtags et favoriser leur équipe ou défavoriser l'autre, et il ne suffit plus d'avoir des campouzes dans son équipe pour gagner. Enfin, le multi de MW3 donne enfin un peu plus de place aux joueurs qui préfèrent jouer en soutien, grâce aux trois « strike package » différents qui remplacent les Killstreaks de MW 2.Des killstreaks totalement repensés
Les killstreaks sont des bonus octroyés aux joueurs réalisant des séries de frags ininterrompus. Ces bonus ne sont pas anodins, puisqu'il s'agit d'attaques au missile Predator, de drones de reconnaissance, d'hélicoptères de combat, etc. Ces récompenses ont pour effet de déséquilibrer totalement le jeu et les développeurs ont repensé ce système assez absurde. Les killstreaks sont désormais séparés en trois « strike packages » bien distincts. Le pack « Assaut » permet aux joueurs de bénéficier de bonus à caractère offensif (hélicos d'attaque, missiles téléguidés et autres appuis aériens) en enchainant les frags. Pour les moins doués ou tout simplement ceux qui préfèrent jouer les objectifs au lieu de soigner leur ratio et de laisser le point de contrôle sans défense, le pack « Soutien » permettra de faire bénéficier à toute l'équipe de bonus défensifs fort appréciables comme des gilets pare-balles, des tourelles antiaériennes (pratique pour contrer les mordus du pack "Assaut") ou encore des drones de reconnaissance améliorés. Cerise sur le gâteau, il est permis de mourir avec ce strike package, le compteur de frags donnant accès à ces bonus n'étant pas remis à zéro en cas de mort violente. D'ailleurs, il ne sera plus nécessaire de faire un carnage pour bénéficier des effets de ce pack puisqu'ils seront désormais utilisables en enchainant les assistances ou en réalisant les objectifs. Enfin, le pack « Spécialiste » permet de bénéficier, tous les deux frags, d'un nouveau "perk" boostant significativement les aptitudes au combat. Au bout de plusieurs éliminations, on se retrouvera donc aux manettes d'un super soldat furtif courant plus vite, rechargeant son arme en un éclair, visant mieux avec son arme etc. Enfin, on notera la disparition de certains bonus complètement abusés comme la bombe atomique. Bref, le multi compétitif de Modern Warfare 3 a entrepris beaucoup de choses pour devenir un peu plus accessible aux néophytes, tout en rééquilibrant son jeu pour accommoder des approches différentes et rendre ses modes à objectifs plus intéressants pour différents types de joueurs.Enfin, reste à ajouter que les matchs à Paris de Black Ops, ont été remplacés par les matchs privés : Drop Zone (une sorte de mode domination qui octroie des largages automatiques à ceux qui tiennent la zone), Team Juggernaut (un joueur Juggernaut ultra armuré par équipe, le but est de protéger le sien et de tuer celui des adversaires), Juggernaut (tout le monde contre le joueur Juggernaut, le tueur du Juggernaut devient le nouveau Juggernaut), Infected (les éliminés deviennent des infectés, il faut infecter les autres ou survivre pour marquer), et le retour de deux modes issus de Black Ops : Gun Game (chaque kill fait progresser votre arme le long d'une liste à présent établie par les joueurs), et One in the Chamber (un balle, on gagne des balles supplémentaires en tuant les ennemis). Malheureusement, les développeurs ont rendu impossible les matchs privés entre joueurs qui n'apparaissent pas dans la liste d'ami de celui qui créée la partie. Du coup, on ne peut tout simplement pas jouer dans ces modes avec des inconnus !
La rédaction n'étant pas équipée du matériel nécessaire pour la capture d'images sur Xbox 360, les screenshots qui parsèment ce test sont fournis par l'éditeur.
Conclusion
Sans aucune surprise, Infinity Ward et Sledgehammer Games remplissent une fois de plus leur cahier des charges : livrer un Call of Duty pour la période des fêtes. La recette est efficace (solo explosif, multi carré, coop plaisant), mais commence à s'essouffler sérieusement. Le jeu n'est pas mauvais, loin de là, mais il ne propose absolument aucune nouveauté par rapport aux précédents opus. Si encore le moteur graphique avait été refait à neuf, mais il n'en est rien. On a donc l'impression de se retrouver devant une extension vendue au prix fort. Gageons que le dernier opus de cette trilogie marque également la fin d'un cycle et que le prochain opus apporte un vent de fraicheur sur une série qui peine à se renouveler.