15 ans, il aura fallu 15 ans aux fans de Duke Nukem 3D pour poser leurs doigts sur sa suite tant attendue, Duke Nukem Forever. Annoncé en 1996, maintes fois repoussé, ayant changé trois fois de moteur graphique au cours du développement et vu défiler pas moins de 4 studios de développement, la plus grand arlésienne du jeu vidéo est désormais là, à portée de main. Mais avec un développement aussi chaotique, le jeu en a forcément pâti. A quel point ? Réponse dans notre test.
C'est l'histoire d'un mec...
Nan, je déconne, on est dans DNF les gars, il n'y a pas de scénario. Les aliens ont une nouvelle fois eu la mauvaise idée d'envahir la terre, et Duke va devoir leur botter le cul à nouveau. De longues vacances qui ne l'on pourtant pas encrassé puisque notre héros misogyne et totalement imbu de sa personne n'a rien perdu de son charme avec ses bras de la taille de mes cuisses et son brushing au carré parfait. Duke est bien l'un des héros les plus marrants du jeu vidéo avec ses répliques à deux balle et son humour pipi-caca très en-dessous de la ceinture. Mais seulement voilà, cela ne fait pas tout et là où Duke Nukem 3D proposait à l'époque un gameplay révolutionnaire, Duke Nukem Forever arrive un peu comme un cheveu sur la soupe en 2011 avec son gameplay ancré dans la décennie précédente. Oubliez donc les jetpacks et les passages secrets, le jeu arborant une progression extrêmement classique avec des niveaux très linéaires.Des mécaniques de jeu datées
Si DNF était sorti en 2004 (l'année bénie des FPS avec Half-Life 2, Far Cry, Doom 3 etc.), il aurait forcément marqué les esprits. Et d'ailleurs, nombre de phases de gameplay qu'il propose faisaient l'unanimité à cette époque. C'est ainsi que l'on retrouve de nombreuses énigmes basées sur le moteur physique du jeu qui, si elles pouvaient sembler intéressante à l'époque, sont totalement désuètes aujourd'hui. Ce n'est absolument pas sur ce plan-là qu'on attendait Duke, et, force est de constater que ces phases ralentissent le déroulement de la campagne sans pour autant lui apporter une valeur ajoutée. Il en va de même pour les phases de conduite de véhicules qui sont d'un ennui à crever et très longues.Comme si ces phases de conduite ne suffisaient pas à notre calvaire, les développeurs ont eu la mauvaise idée d'ajouter des tonnes de passage en railshooting. Je ne sais pas qui est le gars qui le premier s'est dit que le railshooting serait marrant à jouer, mais il faudrait le pendre par les burnes pour lui apprendre la vie. La campagne solo est une succession de niveaux qui n'ont pas spécialement grand-chose en commun si ce n'est leur linéarité et pour bon nombre d'entre-eux, leur nullité. Car les niveaux sont assez mal conçus pour rendre les combats peu attrayants. On traverse souvent de longs couloirs parsemés de hordes d'ennemis idiots, mais assez rapides et nombreux. Pas de système de couverture ici (Duke dirait que c'est pour les tarlouzes), mais de bonnes grosses décapitations au fusil à pompe en hurlant « It's time to kick ass ».
Mais à côté de ces mécaniques, les développeurs ont intégré des features un poil trop contemporaines, comme le fait de ne pas pouvoir avoir tout son arsenal d'armes à portée de main. Il faudra en effet faire des choix entre deux armes, ce qui pousse tout naturellement à aller vers les plus puissantes et pas spécialement les plus fun.
Un jeu sauvé par son humour et le côté fan service
Duke est toujours dans la place, et force est de constater que ses répliques font toujours mouche et dès que ce gros lourd ouvre la bouche, c'est souvent marrant, et parfois culte. Que ce soit pour les babes ou les soldats de l'EDF qui nous accompagnent lors de certaines parties du jeu, Duke a toujours un truc débile à dire. Mais les répliques ne font pas tout, et les développeurs se sont vraiment fait plaisir au niveau des références et des clins d’œil de sorte que le jeu est une sorte de musée de la pop culture de ces 20 dernières années. Vous voilà prévenus, DNF est un jeu qui se savoure, et même qui se découvre, car le joueur qui voudra chercher des références sera gâté. J'ai mis dix heures à terminer le mode solo du jeu. Mais dans ces dix heures, j'ai passé au moins 30 minutes sur les machines à sous, autant à jouer sur des jeux en salle d'arcade, j'ai fait plusieurs parties de billard et de air hockey et je me suis même amusé à allumer tous les vibros du club de strip-tease ou jouer au poker dans un casino de Vegas.Certains niveaux (le premier et le club notamment) sont exclusivement conçus pour le fan service, et il faut bien avouer que ça fonctionne. Ah, si tout le jeu avait pu être du même acabit ! Mais en gros, si t'as fini DNF sans faire tous les à-côtés, t'es passé à côté du jeu — t'as raté ta vie dirons certains. Les nombreuses interactions avec les décors sont vraiment inutiles, donc indispensables, et apportent un réel plus au jeu. Dommage qu'elles soient de moins en moins nombreuses au fur et à mesure de la progression dans le jeu. Certaines viendront faire remonter la barre d'ego de Duke, qui est l’équivalent de sa barre de vie. On regrette là encore que les développeurs aient intégré un système de restauration de vie automatique, comme dans la plupart des FPS alors qu'il aurait été facile de remonter de la vie avec des canettes de bière qui parsèment les niveaux...
« T'as l'air d'avoir des tripes, voyons à quoi elles ressemblent »
Techniquement, Duke Nukem Forever, n'est pas affreux, mais il est quand même sacrément loin de mettre une claque. En gros, il est au niveau des premiers jeux à base d'Unreal Engine 3 sortis vers 2006, comme Rainbow Six : Vegas. Les textures ne sont pas très fines, les objets sont taillés à la serpe. Mais c'est surtout le rendu général du jeu qui est à chier avec un flou assez pénible très mal géré. Il est en plus omniprésent et ne peut pas se désactiver. Le jeu propose toutefois quelques bonnes choses, et notamment certains éclairages et effets de particules qui sont assez sympa par moment, mais dans sa grande majorité, le jeu est tout juste passable. De plus, les niveaux sont découpés en plusieurs sous-zones, ce qui entraine des temps de chargement assez fréquents.Multi, vous avez dit ?
Force est de constater que le mode multi du jeu n'est pas sa grande force. Il faut dire qu'elle n'est pas spécialement aidée, avec des cartes qui ne sont pas franchement inspirées (le remake de Hollywood Holocaust est une catastrophe). Les quelques parties que j'ai pu faire en multi m'ont paru amusantes, mais on a vite fait le tour. Les gunfights sont quand même assez sympa puisque particulièrement bourrins, souvent à courte distance et plutôt nerveux, puisque l'on crève assez vite. Certains modes de jeux proposent des variantes assez marrantes avec des thèmes comme « tout le monde à la pipebombs » ou encore « tous les joueurs sont miniatures ». Par contre, les joueurs et les serveurs sont assez rares, mais si vous créez une partie, vous avez de bonnes chances pour trouver de la compagnie à toute heure — et comme ça c'est les autres qui lag, pas vous. Le mutli intègre un système d'XP qui permet ensuite de débloquer des objets pour votre appartement et des accessoires pour Duke (des Hats !). Cet appart est d'ailleurs sacrément bien foutu, à tel point qu'il aurait pu faire partie intégrante de la campagne solo du jeu.Conclusion
Lorsqu'un jeu se fait trop désirer, il alimente forcément les fantasmes et fait monter les attentes. En mettant DNF sur un piédestal, on ne peut être que déçu du résultat. Pourtant, le jeu n'est pas si mauvais que ça, même s'il manque de finition et qu'il est très inégal dans les niveaux et la progression. C'est un mélange des genres, entre FPS, puzzle et n'importe quoi, qui arrive à charmer. Attention cependant, si vous n'avez pas touché à Duke Nukem 3D, pas certain que celui-là vous plaise. A réserver aux fans donc. Maintenant que les développeurs ont réussi à accoucher tant bien que mal de cet opus, on attend impatiemment la suite !