Medal of Honor abandonne pour la première fois de son histoire la Seconde Guerre mondiale pour se tourner vers l’actuel conflit en Afghanistan. Ce reboot de la série était devenu plus que nécessaire car, après de glorieux débuts (et notamment un excellent, Medal of Honor : Débarquement Allié sorti sur PC en 2002) la série Medal of Honor n'a eu de cesse de s'enfoncer dans des abîmes de médiocrité. Mais le Medal of Honor version 2010 annonce tout remettre à plat avec un solo développé par Danger Close Games utilisant l'Unreal Engine 3 et un multi développé par DICE utilisant le Frostbite. Pari tenu ?
Un conflit comptant pour rien
Comme nous l'avons dit précédemment, ce nouvel opus quitte la Seconde Guerre mondiale pour le conflit en Afghanistan. Enfin, conflit, c'est un grand mot car il faudrait plutôt situer le jeu dans la zone de l'Afghanistan car les développeurs sont restés très, très timorés sur l'aspect politique et international de cette guerre. Une seule cinématique peut porter au débat, il s'agit de l'attaque d'un convoi américain par des forces ... américaines. Une situation pas inédite dans ce conflit, et qu'on aurait bien aimé voir plus souvent, plutôt qu'une représentation édulcorée du conflit où l'on voit une armée uniquement américaine (oubliée donc, la coalition internationale) sans peur et (presque) sans reproche. Mais les développeurs sont même allés plus loin en transformant la chasse aux Talibans en chasse aux Tchétchènes. Inutile également de vous signaler que vous ne verrez aucun civil durant le jeu, même quand il s'agira d'exterminer un village entier.Du scénario dans ton conflit ?
Pour mener à bien ces missions, on incarne tour à tour un Ranger et un membre du Tier 1, une unité spéciale d'élite top moumoute. Le jeu se base donc sur cette dichotomie du gameplay avec une moitié des missions dans les bottes de membres du Tier 1 qui opèrent de manière chirurgicale, de nuit, et l'autre dans le gilet d'un Ranger, en plein jour, avec l'artillerie lourde, à courir sous les balles ennemies.Mais que ce soit dans l'une ou l'autre des phases, le jeu est globalement identique : ça explose de partout, le level design est ultra-linéaire, les ennemis inoffensifs et les objectifs à accomplir très basiques. Pire, alors que les montagnes afghanes auraient pu laisser libre cours à l'imagination des développeurs, il se trouve que les gunfights se font à seulement quelques mètres de l'ennemi, faisant plus penser à du tir de foire plutôt qu'à un conflit. Certaines scènes sont quand même plus sympathiques comme les phases de sniping au Barrett M82 qui sont vraiment jouissives — et qui font penser à la très bonne scène du film Démineurs où l'on sent véritablement la puissance de l'arme. Mais le jeu retombe bien trop vite dans les travers habituels des jeux du genre avec des scènes pénibles en quad (où l'on doit suivre un couloir dans les montagnes) ou des virée en Apache, où l'on ne s'occupera malheureusement que de truffer de plomb le moindre turban qui dépasse, sans jamais contrôler l'appareil. Au final, l'histoire donne l'impression d'avoir été torchée en catastrophe, faute d'idées, et propose une durée de vie avoisinant les cinq-six heures, selon que vous jouez en normal ou difficile (j'ai fini le jeu en une grosse après-midi).
Heureusement, il y a les graphismes. Ou pas
Le jeu exploite l'Unreal Engine 3 pour son mode solo. Si la palette de couleurs est plutôt bonne, on tombe assez vite dans les travers du genre avec des niveaux balisés et peu ouverts, où l'action consistera la majorité du temps à avancer, se planquer et exploser la tête qui dépasse, mais surtout avec des environnements totalement insensibles aux explosifs en tous genres. Si les environnements sont de bonne facture, le soft d'Electronic Arts ne souffre pas moins d'un aliasing prononcé, de textures grossières. Et on a les mêmes problèmes que pour la majorité des jeux exploitant le moteur comme des textures qui peuvent mettre du temps à charger au début des niveaux ou encore des bouts de bois éblouissants. Dans la version testée, sur Xbox 360, il y avait même quelques bugs graphiques désagréables (pas tout le temps, heureusement) comme les parties du décors destructibles qui se mettaient à clignoter sans raison et, pire, des scripts parfois longs à se déclencher. Notons également que la version 360 du titre est assez pénible à utiliser sur une télé non-HD où les textes sont minuscules.Venons-en enfin où le bât blesse : l'IA des ennemis est extrêmement faible. Ces derniers courent dans tous les sens, se mettent à couvert de manière très anecdotique, et ne vous feront aucun mal si vous leur courrez dessus armé seulement d'un couteau (les effets du kill au couteau sont d'ailleurs assez jouissifs ce qui encourage à la jouer Rambo).
Mais le jeu propose aussi de bonnes choses, à commencer par un HUD minimaliste qui ne laisse que le viseur à l'écran. Et même si l'on peut, bien évidemment, consulter les infos de base (arme utilisée, nombres de munitions restantes...) d'un simple geste, force est de constater que l'immersion s'en trouve tout de suite renforcée. L'ambiance sonore a également fait l'objet d'un soin tout particulier, avec des voix et des dialogues crédibles, bien retranscrits et collant parfaitement à l'action. De la même manière, le bruit des armes se veut des plus réalistes et c'est un réel plaisir à l'oreille.
Call of Battlefield of Honor : Medal of Bad Company
Le mode multijoueurs de Medal of Honor est une sorte d'hybride à mi-chemin entre Battlefield : Bad Company 2 et Call of Duty : Modern Warfare 2, mais tout de même plus proche du premier que du second, même développeur oblige. Le jeu repose sur un système de classes qui sont au nombre de trois : fusiller, forces spéciales et sniper. Comme tous les FPS modernes, le jeu propose un systèmes d'unlocks qui vous permet de débloquer armes et accessoires pour votre classe à chaque niveau : lunettes plus importantes, capacité du chargeur accrue, silencieux etc.Les modes de jeux sont classiques, de l'habituel Deathmatch au mode Domination en passant par le mode défense. Le tout joué sur des maps cette fois-ci nettement plus petites que celles que nous connaissions dans Bad Company 2. Du fait de la taille réduite des cartes, le multi est plutôt nerveux, d'autant que les armes font mal. On meurt souvent, et traverser la place du marché de Kaboul en courant n'est jamais une bonne option pour rester en vie. Cela a un peu pour conséquence de sédentariser les joueurs qui prennent bien trop souvent le sniper, déséquilibrant ainsi les parties. Il aurait suffit de remplacer le sniper par un docteur pour rendre le jeu bien plus palpitant et bien plus axé sur le teamplay. Dommage. C'est un fait, le multijoueurs de Medal of Honor n'est pas mauvais, mais ne propose aucune originalité face à ce qui se fait déjà sur Battlefield ou Call of Duty.
Qui dit développeur différent, dit moteur différent et le mode multi de MoH repose sur une version « améliorée » du Frostbite. Je met volontairement améliorée entre guillemets car si le jeu est un poil plus joli que Battlefield : Bad Company 2 — grâce notamment à des maps plus soignées et riches en détails — , la technique n'a pas bougé et le jeu ne propose pas de destruction des environnements.
NB: N'étant pas équipés pour prendre des captures d'écran depuis une Xbox 360, les images qui parsèment ce test sont des images fournies par l'éditeur.
Conclusion
Medal of Honor est loin d'être un mauvais jeu, mais on regrette que les développeurs aient cherché à tout prix à faire un FPS grand public qui se consomme comme un mauvais film de seconde zone plutôt que de chercher à innover et, pourquoi pas, faire passer un message politique au travers du jeu. Reste le mode multi qui est sympathique, à défaut d'être véritablement ambitieux. Pas de quoi, malheureusement, faire son trou, alors qu'approche l'impressionnante machine de guerre qu'est Black Ops.
J'ai essayé que le bêta, mais le multi semble quand même sans être exceptionnel bien meilleur que de nombreux Medal of Honor (pas dur certes).