Des milliers de personnes habitaient à Rapture. Pourtant, tout bascula à la suite de la découverte d’une substance mystérieuse capable de transformer génétiquement les individus. Cette substance appelée l’Adam permet de s’approprier sous forme de Plasmide une panoplie de modifications génétiques. Toutefois, l’Adam crée une forte dépendance chez les individus qui le consomment. Son utilisation en vient à se généraliser et entraîne des effets secondaires graves tels que la démence. C’est alors qu’en 1959 durant le soir du nouvel an, des soulèvements meurtriers éclatent décimant une partie de population.
« […] le soir du Nouvel an, ces misérables Chrosômes ont envahis les maisons et pris d’assaut les fameuses barricades! Les morts pourrissent dans les rues et tous les citoyens font la queue pour avoir des Plasmides […] »
Beau Choc
Vous êtes le seul survivant d'un accident d'un avion, flottant au milieu d'un océan enflammé, rempli de débris. Alors vous pensiez que cela allait être la fin, vous apercevez la lumière d'un phare, en plein milieu de l'océan... Tout en bas de cette construction insolite, est abritée une bathysphère qui semble prête à l’usage. Reliée à un système de métro, celle-ci nous permettra d'accéder à la cité sous-marine de Rapture. C’est là que tout commence, l’aventure mais aussi l’émerveillement.Ce qui frappe de prime abord dans BioShock, c’est la qualité des environnements et de l’ambiance que dégage le titre. Très stylisé, il émane du design Art-Déco de BioShock un charme magnétique. L’on se surprend alors à faire le touriste, durant les premières heures de jeu, pour admirer chaque détail de cette œuvre imaginé par un milliardaire à la vision démesurée.
L’utilisation de l’Unreal Engine 3 par Irrationnal l’a dispensé de fournir un gros travail sur l’aspect technique tu titre, l’effort s’est donc recentré sur l’aspect artistique. Le moteur d’Epic Games fait son travail et sert magnifiquement bien le gameplay concocté par l’équipe de développement. Bloom, bump-mapping viennent au renfort d’une ambiance travaillée dans ses moindres détails pour renforcer l’immersion du joueur. S’il subsiste quelques bugs de textures par certains endroits et que les effets de raggdoll donnent parfois quelque chose de plutôt comique à la mort, le tout est vraiment excusable.
Les images qui parsèment ce test ne rendent vraiment pas honneur au titre qui est bien plus beau en mouvement, elles donnent néanmoins un aperçu de l'ambiance qui peut régner dans le jeu. Elles révèlent néanmoins un de ses problèmes : la très mauvaise gestion des écrans larges. Un patch devrait corriger ce problème dans les semaines à venir.
Rapture : Un monde éveillé
Les développeurs ont fait un bel effort pour que le monde de Rapture soit le plus vivant possible. Si la cité sous-marine n’est plus habitée, il y a sur les murs des annonces qui vantent les mérites des différents Plasmides. Des messages de propagande tels que : N’écoutez pas les mensonges d’Atlas et de ses parasites; Rapture est en plein essor, sont diffusés de temps à autre. Aussi, nos principaux ennemis, les Chrosômes, nous dévoilent parfois un vestige de leur vie passé. On pourra les surprendre pendant qu’ils parlent, qu’ils dansent, mais ne les dérangez pas, ils sont plutôt susceptibles !Contrairement à d’autres FPS, la musique prend une place importante dans Bioshock, ce qui fait vraiment plaisir. En effet, il est peu fréquent de découvrir un fps à la bande musicale mémorable. L’ambiance sonore et musicale sont remarquablement bien mises en avant dans le jeu. Plusieurs morceaux viennent supporter l’atmosphère du titre à divers moments et ceux-ci sont toujours un plaisir pour les oreilles. A l'instar d'un film, la bande originale du jeu vient s'initier dans les moments les plus intenses, les plus surprenants voire les plus décontractés pour renforcer ces instants. Si vous êtes équipés en matériel haut de gamme, vous sentirez vraiment la différence avec l'EAX. Durant la narration, le travail effectué sur les voix réussit à faire ressortir la personnalité des personnages, grâce au talent des acteurs. En somme, si vous maîtrisez l’anglais n’hésitez pas à choisir cette langue lors de l’installation, car elle est admirable. Néanmoins, les voix françaises sont de très bonne facture, largement au-delà de ce que proposent la majorité des autres FPS. On regrettera néanmoins que les sous-titres ne soit absolument pas synchronisés avec les paroles, ce qui rend la lecture fastidieuse. De la même manière, les sons environnants dépassent parfois le son des magnétophones, qui pourtant livrent les tenants et les aboutissants du scénario.
Ce qui est intéressant avec le scénario de Bioshock, c’est la façon dont la narration est effectuée. Si le joueur doit suivre la trame principale et réaliser les objectifs dans un ordre déterminé, il pourra aussi trouver des journaux audio dispersés à l’intérieur des niveaux. Ils vous renseigneront plus de détails sur le monde de Rapture et ses habitants. Cette méthode de narration a déjà fait ses preuves dans F.E.A.R. et se trouve à nouveau exploitée ici avec brio. Entre les messages personnels et les réflexions des uns et des autres, on découvre de temps à autre des astuces pour trouver telle ou telle cache secrète. Bien souvent, les réflexions des protagonistes nous donnent à réfléchir sur des problèmes philosophiques, moraux et éthiques. Bioshock ne vous impose donc pas son scénario, c’est vous qui devez aller vers lui et le découvrir, magnétophone par magnétophone. Vous comprendrez ainsi qui sont les gens qui ont été poussés à partir vers Rapture et pourquoi l’ont-ils fait. Vous vous intègrerez dans des destins personnels en prenant part aux conflits des élites de la cité sous-marine. Cette trame laisse un peu à part notre héros, qui est totalement absent face au joueur qui se trouve derrière lui. Le héros ne parle pas, et ne prend pas de décisions. C’est à vous qu’il incombera de faire certains choix, qui se révèleront parfois ardus, et qui détermineront la fin du jeu (il y à trois fins possibles en fonctions de vos choix, notamment face aux Petites Sœurs.
Le personnage principal : l’eau
L’eau est sans conteste l’élément principal du titre. En tant que cité immergée, Rapture offre bien évidemment des paysages subaquatiques omniprésents. Mais l’eau est présente sous toutes ses formes dans Rapture et dans tous ses états.Comme liquide, l’eau est partout. Elle s’infiltre entre deux tuyaux mal soudés, elle coule le long d’un mur esquinté, elle ruisselle dans les couloirs. On prend plaisir à traverser les cascades, rien que pour apprécier l'effet de ruissellement qui s'en suit. Mai l'aventure de BioShock vous fera découvrir l'eau sous ses autres formes. La glace (que vous pourrez maîtriser avec un PLasmide) sera aussi de la partie et prendra une part importante du gameplay, et pour cause, un niveau entier se déroule dans cet univers.
Chose étrange, alors que BioShock se déroule entièrement sous l’eau, il ne vous sera pas possible de visiter par vous-même les fonds marins. Paradoxalement, BioShock est l’un des rares FPS qui ne vous donne pas l’occasion de nager. A aucun moment du jeu vous ne pourrez profiter des poissons, que vous ne verrez que dans des caisses, prêts à être envoyés en conserve. De la même manière, tous vos voyages entre les différents niveaux s'effectuent dans un sous-marin que l'on ne peut pas piloter, quelle frustration ! On regrette que les développeurs n’aient pas pu proposer cette dimension dans le titre, d’autant que Rapture doit être tout aussi exceptionnelle de l’extérieur qu’elle ne l’est de l’intérieur.
Une expérience de jeu à part ?
On a longtemps voulu faire passer BioShock pour un RPG un peu mou. Sachez qu'il n'en est rien, le jeu étant un FPS dans la grande tradition du style. Le gameplay de Bioshock offre plusieurs possibilités lors des ses phases de shoot. Le joueur peut utiliser tant l’environnement qui l’entoure que ses différentes armes et Plasmides aux effets divers. Par exemple, l’une des premières canailles à laquelle vous aurez affaire est un chirurgien quelque peu disjoncté. Afin d’en venir à bout, le joueur peut utiliser le Plasmide de l’incinération pour le faire brûler. Puis, au moment où il saute dans une flaque d’eau pour tenter de s’éteindre, employer l’Arc Électrique. Pendant qu’il subit les convulsions de cette décharge. Pourquoi ne pas aller pirater un Poste De Soins à proximité… Quand le chirurgien paniqué tentera alors de se guérir, le Poste lui projettera du poison en plein visage ! Et ce n'est qu'une des nombreuses façons d'aborder le combat. Rien ne vous empêche de n'utiliser que vos armes, ou, plus compliqué, que vos Plasmides.Ainsi, vous l'aurez compris, BioShock est un FPS aux multiples facettes pour peu que vous ayez un peu de curiosité. Les combinaisons d'armes et de Plasmides sont quasiment infinies pour celui qui aime tuer ses adversaires avec un poil de ruse ou de subtilité. De plus, le level design offre souvent de quoi vous amuser un peu, l'eau omniprésente dans le jeu, peut être électrifiée; les flaques d'essence peuvent être enflammées etc. Les armes et les Plasmides peuvent très bien être utilisées en mode offensif comme défensif, il suffit juste de trouver votre style.
Si l'aspect combat du jeu tire son épingle du jeu, il n'en est pas de même de l'aspect « RPG » du titre. En effet, dans BioShock vous avez le loisir d'explorer le monde à votre guise, ce qui signifie que vous pouvez fouiller à peu près tout les contenants pour trouver munitions, trousses de soins et autres bonus. La recherche, passionnante au début du jeu, peut parfois devenir un peu rébarbative au bout du 200ème coffre, de la 1000ème caisse etc. On aurait aimé que l'aspect « Jeu de Rôle » du titre soit plus poussé, avec, par exemple, une gestion avancée de l'inventaire. Néanmoins, vers le milieu du jeu, la recherche devient plus passionnante avec la possibilité de « fabriquer » des objets. Là encore, je met fabriquer entre guillemets car la création ne nécessite en rien vos talents. Vous trouvez la matière première (vis, tuyaux, douilles, colle, caoutchouc etc) dans les contenants et sur les cadavres et vous créez des objets dans une machine.
D'autre part, les mini-jeux utilisés pour pirater les tourelles, caméras, coffres et poste de soins peuvent aussi s'avérer répétitifs à la longue. Ceux-ci consistent à créer un conduit à l’aide de tuyaux pour y faire passer un liquide. Si l’on décide de tout pirater, le mini-jeu devient tout de même répétitif à la centième utilisation, malgré l'augmentation de la difficulté des piratages en fonction du niveau et surtout de l'objet à pirater. Peut-être qu’un petit jeu différent pour les coffres (il circule du liquide dans un coffre ?) aurait donné un peu de variété. Mais bon, ces deux « détails » ne font pas beaucoup d’ombre à l’ensemble du jeu.
Le Big Daddy : Figure emblématique
Moins intelligent que Gordon mais plus fort que le Master Chef, avec ses qualités et ses défauts, le Big Daddy (Protecteur en français) est déjà devenu une figure emblématique du jeu, ce qui n’est pas sans raisons. En effet, il se dégage de ce personnage un charisme certain. Vêtus de leur scaphandre de métal aux yeux illuminés, les Big Daddys sillonnent Rapture qu’ils font trembler de leur énorme masse.Le Big Daddy chapeaute « l’écosystème » du jeu. Il a comme seul but de défendre les Petites Sœurs, qui récoltent l’Adam. C’est donc lui qu’il faudra tuer si l’on veut espérer en acquérir et ainsi avoir accès à diverses améliorations génétiques comme les Plasmides. Par contre, le Big Daddy est bien déterminé à protéger sa Petite Sœur et si par mégarde l’on s’en approche trop, il vous fera comprendre, à l’aide d’un profond grognement, de vous en éloigner gentiment. Cette détermination paternelle à prendre soin des petites sœurs en fait contre toute attente un gros bonhomme attachant. En effet, la tendresse émanant du lien entre la Petite Sœur et son Big Daddy nous donne un petit pincement au cœur quand vient le temps de les affronter.
Parce qu’ils sont dotés d’une force peu commune, ce sont les Big Daddys qui vous injectent le plus d’adrénaline lors des combats. Il vous faudra alors faire preuve de jugeote pour en venir à bout et utiliser votre arsenal à son plein potentiel : Carreau Piégé, Précipité Ionique et Mine de Proximité seront alors tout indiqués face à cet adversaire coriace. Il faudra trouver les meilleures combinaisons d’armes et de Plasmides pour venir à bout des Big Daddy. Pourtant, si résistants soient-ils, la difficulté de ces affrontements s’en trouve réduite à cause des Vita-Chambres.
Les Vita-Chambres : La résurrection sin consecuencia
Il n’y a pas beaucoup d’aspects sur lesquels Bioshock pourrait être descendu. On aurait pu croire que sa présentation soignée et son univers unique formeraient un rempart à toute critique. Pourtant, les Vita-Chambres, sorte de tube vitré disposé à la verticale font office de points de repawn. Si la mort venait à vous prendre, vous seriez ainsi automatiquement reconstitué dans l’une de ces chambres. Il ne s’agit pas ici du chargement d’une ancienne sauvegarde car votre équipement restera le même et vos ennemis conserveront leurs blessures. Pour le joueur, il n’y a pas de conséquence quand il se re-matérialise. Il ne sera pénalisé d’aucune façon. Il ne perd aucune munition, aucun Plasmide ou fortifiant physique, même les ennemis porteront encore les coups qu’ils leur auront été infligés. Par ailleurs, cette absence de pénalité a un impact significatif sur le gameplay du titre, en créant une quasi-absence de difficulté. Ce système est sans doute un héritier des versions consoles afin de rendre le jeu accessible au plus large public possible. Les développeurs auraient bien pus nous lancer cent Chrosômes et autant de Big Daddys d’un seul coup, ça n’aurait fait qu’augmenter le nombre de vie perdu et le temps passé à en venir à bout. Ainsi, puisque rien n’est impossible pour le joueur l’état de tension que vit celui-ci en est nécessairement diminué. Où est donc la nécessité viscérale de survivre et de progresser dans le jeu? Certains se fixent des défis comme par exemple « tuer ce Big Daddy en une seule vie », pour ma part, je n’ai pas utilisé les Vita-Chambres. Il m’a suffit d’utiliser le système de sauvegardes pour passer outre ce point noir du jeu.Bien entendu, les développeurs affirment que les chambres augmentent l’immersion en donnant une certaine fluidité à l’expérience de jeu. Dans une entrevue accordée à Gametrailers, ils affirment : « Nous avons regardé avec attention ce qui fait qu’on arrête de jouer à un jeu et un des points majeurs c’est la mort du joueur ». Les Vita Chambres « c’est un peu comme en multijoueur, vous êtes aussitôt de retour sur la ligne de front » et puis « [ce système] ne vous sort pas de l’expérience ».
Conclusion
Vous l'aurez compris, BioShock nous a séduits. Dans ce monde de FPS sur la seconde Guerre Mondiale et de suites à répétition (sans compter les jeux qui abordent le thème de la seconde Guerre Mondiale ET qui sont des suites) le titre de 2k Boston fait un peu figure d'ovni. Par son univers particulièrement travaillé, par son scénario bien ficelé et son gameplay aux petits oignons, BioShock est sans conteste le meilleur FPS solo de l'année. Ajoutez à ça une ambiance graphique et sonore réussie et l’intégration d’un « écosystème » reliant l’Adam, les Petites Sœurs et les Big Daddys, vous obtenez un titre marquant un tournant dans l’histoire du jeu vidéo...NB :
- Machine de test DX9 : MSI K8T Neo2-F V2.0, AMD Opteron 180, Point of View 6800 GT, 1 Go DDr-Ram
- Machine de test DX10 : Gigabyte GA-N650SLI-DS4, Intel Core 2 Duo E6700 @ 3 GHz, Asus EN 8800GTS 320 mos @ 650 MHz/1800 MHz, 2gb OCZ Titanium Alpha VX2 PC 8000 @ 900 MHz Cas 4
La dernière claque à ce titre était Stalker.
Du grand art !!: Un chef d'oeuvre !!!