Après avoir fait un premier éditorial il y a de ça quelques mois déjà sur ce que j'avais appelé « le Syndrome When it's done », un autre sujet me donne à réfléchir, celui de la violence et des jeux vidéo. Le titre vous a peut-être fait sourire, « Violendéo ». Pourquoi ? Parce qu'on a l'impression que cette idée se répand de plus en plus : les jeux vidéo sont violents. Tous. D'une manière ou d'une autre, ils sont dangereux, à éviter, à fuir, voire à interdire.
Regardons d'un peu plus près. À l'évidence, ce n'est pas un Tetris ou un Démineur qui peut être montré du doigt. C'est inoffensif comme un jeu de société familial. Cherchons un peu plus loin. Juste un peu. Et nous y voilà. Nous avons les FPS, leaders incontestés de la violence, suivi par les RTS, où des armées complètes s'étripent, accompagnés des MMORPG où de valeureux héros occissent sous leurs épées 28-45 des hordes de monstres hideux. N'oublions pas non plus les jeux de voiture et leurs accidents, la violence routière comme il est bon de l'appeler de nos jours. Même les Sims, jeu familial par excellence, peut receler des scènes d'horreur, comme la noyade du chat dans la piscine.
Vu sous cet angle, effectivement, un bon nombre de jeux vidéo sont violents. Les productions vidéo-ludiques ne sont pas les seules concernées. Le cinéma et la télévision le sont également, à des degrés divers, soit, mais le sont tout de même. La violence serait-elle l'apanage de tous les médias ? On pourrait le croire. Soldier of Fortune, Massacre à la tronçonneuse, Journal de 20h, même combat.
On peut encore se poser la question « Pourquoi ? ». Il suffit de regarder autour de nous, et dans l'histoire de l'humanité : les guerres et leur lots d'atrocités sont omniprésentes. On ne peut le nier, c'est dans nos gènes. On a beau être des animaux (qui ne savent que se battre, pas dialoguer) intelligents, nous n'en sommes pas moins des animaux.
Et non content d'utiliser les armes que la nature nous a données (pieds, poings, dents), nous faisons montre d'un génie sans limite dans la destruction de notre prochain.
Alors, les jeux sont violents parce que nous le sommes de manière innée ? Il y a sans doute une part de ça. Quand on est énervé, on passe ses nerfs sur quelque chose. Il vaut mieux que ce soit sur la représentation virtuelle d'un ennemi que l'ennemi lui même, ou pire, sur un ami...réel. On a donc de cette manière un "défouloir" inépuisable, dans lequel on peut laisser libre court à ses pulsions meurtrières, sans danger pour autrui. Dans ce sens, cela peut canaliser l'agressivité.
Cependant, les progrès technologiques aidant, la différence entre le virtuel et le réel s'amenuise petit à petit. Ce n'est pas un fantasme que de dire que dans 15 ans on pourra reproduire à s'y méprendre la réalité. Je rappellerai, historiquement parlant, qu'il y a 15 ans, le rendu 3D temps réel sur PC n'était même pas envisageable. Faire la part des choses est une faculté qui s'acquiert avec l'âge, il est donc normal qu'un enfant ne doive pas jouer à ce genre de jeu, car il n'est pas mûr pour cela.
C'est d'ailleurs pour ça que des sigles sont appliqués, un peu partout, à la télé et sur les jeux, pour conseiller un âge minimum. On est bien d'accord qu'interdire a l'effet pervers d'inciter. C'est quand on nous interdit quelque chose qu'on s'empresse de le faire, juste pour braver l'interdit, surtout quand la pénitence est inexistante. C'est interdit de traverser n'importe où, pourtant on ne s'en prive pas. On peut aller en boite même en ayant moins de 18 ans. Et l'on peut disposer de logiciels dont on n'a pas la licence. Donc, en trichant, on peut faire des choses qui sont pourtant interdites pour notre bien. On peut jouer à des jeux alors qu'on n'a pas l'âge pour... les parents doivent faire leur rôle de parents. On pourrait d'ailleurs dévier sur les violences récentes en banlieues en France mais ça serait s'écarter du sujet, quoique.
Mais ce qu'on reproche par dessus tout à ces jeux, c'est le potentiel d'influence qu'ils peuvent avoir. Certaines tragédies restent dans les mémoires, où des jeunes vont, armés, dans leurs écoles pour massacrer élèves et professeurs, avant d'être interceptés ou qu'ils se donnent la mort. Dans plusieurs cas, un lien avec des jeux, comme Counter-Strike, dans le cas d'un jeune homme Allemand. Le jeu est accusé de lui avoir lavé le cerveau. Un jeu n'a jamais mis une arme réelle dans les mains de quelqu'un et n'a jamais intimé à qui que ce soit d'aller s'en servir sur des innocents. Peut-être que ces personnes étaient fragiles, psychologiquement parlant. Et il est probable que le jeu n'a pas été LA cause, mais a peut-être donné des idées. Mais si ce n'est pas un jeu, c'est le cinéma, si ce n'est pas le ciné, c'est la télé, et si c'est pas la télé, c'est la littérature ou l'histoire. Quand on a besoin de ce genre d'inspiration, on en trouve toujours.
Est ce qu'interdire la vente de ces jeux résoudra le problème ? certainement pas. Les armes en vente libre aux États-Unis seront toujours plus dangereuses que n'importe quel FPS, aussi gore soit-il.
Mais c'est démagogique, ça plaît aux politiques, de montrer du doigt les jeux, auxquels ils ne jouent pas forcément, ou alors, ils sont comme nous, ça les amuse. Mais quand ils travaillent, pas question de laisser transparaître qu'il y a des hardcore gamers parmi eux. Les prochaines élections sont toujours l'enjeu, à plus ou moins longue échéance. N'oublions pas que si les politiciens veulent être élus, c'est plus pour un avoir un salaire que pour changer quoique ce soit... Donc faire des lois contre les jeux vidéo, comme ça semble être un peu la mode en ce moment, cf. les États-Unis et l'Allemagne, c'est bon pour attirer la ménagère de moins de 50 ans, comme ils disent dans le monde de la publicité.
On pourrait d'ailleurs aborder le fait que les femmes n'aiment pas trop les jeux vidéos, surtout les jeux violents. Oh bien sûr, il y a toujours l'exception qui confirme la règle, on a vu des filles prendre les commandes d'un PC lors d'un LAN et foutre la raclée à tous les mâles présents dans la partie, à leur grand désespoir. C'est que les armes et leurs utilisations, c'est un truc d'hommes, de vrais. Quand on incarne dans un jeu un mercenaire armé jusqu'aux dents, on se sent fort, enfin. On dégomme de l'ennemi avec facilité et décontraction. Mais on sait très bien, au fond de nous, que sur un champ de bataille, on ferait beaucoup moins le fier.
Plus prosaïquement, quand notre chère moitié nous réveille en plein milieu de la nuit «Chéri, j'ai entendu du bruit en bas, va voir, j'ai peur» on n'a pas d'autres choix que celui d'y aller, en regrettant fortement de ne pas avoir, suivant ses préférences, un M4, un SC-20K ou un BFG 9000. Car depuis tout petit, l'éducation reçue, de manière consciente ou inconsciente, fait que nous savons que ce sera à nous de défendre le foyer et la famille. Les hommes des cavernes devaient protéger femmes et enfants contre les animaux et autres dangers, on nous a appris que cela ferait aussi partie de nos prérogatives d'hommes. C'est pour une de ces raisons que les petits garçons jouent à la guerre... puis à Quake et autre.
Alors d'accord, il y a foule de jeux «violendéo». En tant que joueurs, on a besoin de jouer, même et surtout à ce genre de titres. Mais comme toute chose, il suffit d'être raisonnable. Si on ne met pas n'importe quoi dans les mains de nos chères têtes blondes, si les politiques arrêtaient d'être hypocrites et démagogues et si on ne faisait pas de la psychologie de comptoir en accusant les jeux d'être responsable de tous les déséquilibrés de la Terre, on pourrait fragger sans souci, et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Comme je l'ai déjà dit sur le sujet, on à qu'à interdire de vendre des jeux violents aux gosses de 8ans et le débat serait clos. Des jeux pour adultes, vendus aux adultes. Comme le porno, c'est pour les grands.
Comme ça, les politicars ne pourront plus brandir les jeux vidéo à chaque problème de société.