Créateur du genre, id Software signe son retour sur le devant de la scène avec un nouveau FPS après plus de 6 ans d'absence. Et avec Rage le développeur frappe fort, puisqu'il s'agit d'une nouvelle licence et d'un nouveau moteur graphique, l'id Tech 5. Une aventure solo dans un monde ouvert et des phases de conduite sont les deux paris des développeurs pour ce nouveau jeu. Rage va-t-il pouvoir se hisser au-dessus de la concurrence, sur cette génération très friande du genre, et démontrer une nouvelle fois la maîtrise du studio d'un genre qu'il a lui-même créé ?
Un scénario déjà vu
Rage se déroule dans un univers post-apocalyptique. En 2036, un astéroïde du nom d'Apophis s'écrase sur la Terre et détruit une bonne partie de la civilisation. Prévoyant le coup, les gouvernements ont créé le projet Eden en enfouissant des capsules baptisées « Arches », contenant des humains cryogénisés. Mais tout ne s'est pas déroulé comme prévu, puisque les premiers sortis ont fait régner leur loi via une organisation baptisée l'Autorité et règnent sans partage sur ce qui reste de l'humanité : des semblants de villes faites de bric et de broc. C'est dans ce monde-là que vous vous réveillez, plus de 100 ans après la catastrophe. Le jeu débute à votre sortie de l'arche, et votre première rencontre avec un mutant manquera de vous coûter la vie. Aidé par les habitants locaux, vous vous rendrez vite compte que l'Autorité n'aime pas les survivants des arches et vous devrez très vite vous défendre. Immédiatement, ce bout de scénario fait penser à un certain Fallout où l'on aurait remplacé bombe nucléaire par astéroïde. Mais qu'importe, si l'univers post-apo qui est ici présenté est très classique, il est également très soigné. On pourrait également citer un certain Borderlands, mais les ressemblances s'arrêtent à l'univers, puisqu'il n'est pas question ici de jauge d'expérience, mais bel et bien de FPS à l'ancienne, teinté d'éléments inspirés du RPG, et non l'inverse.Mais un univers riche
On a dit un peu trop vite que Rage était un FPS dans un monde ouvert. Car si le jeu est organisé autour d'une « zone ouverte », il n'en demeure pas moins que son architecture est finalement bien plus simpliste que cela. La zone ouverte ne sert en effet que de zone tampon entre les différentes villes du jeu et l'endroit où l'on doit exécuter les missions. Chaque transition entre les zones se fait au prix d'un temps de chargement, même si la zone ouverte n'est pas non plus vide de tout intérêt. Le Wasteland est en effet divisé en zones contrôlées par différents clans de bandits qui ne manqueront pas de vous attaquer à chaque passage. Une distraction qui est sympathique au début du jeu, mais qui s'avère très rapidement répétitive avec des véhicules ennemis qui spawnent toujours au même endroit et dans un nombre identique et qui sont faciles à éliminer (l'ennemi est verrouillé automatiquement, et il suffit de le dézinguer à la roquette à tête chercheuse). Heureusement que ces zone sont parsemées d'activités comme des sauts uniques à réaliser ou des défis facultatifs occasionnels. Dans tous les cas, sachez qu'il est tout à fait possible d'éviter toute cette partie du jeu, un coup de turbo servant à éviter tout cela très facilement. Les deux zones principales sont deux parties du Wastelands que l'on traverse en suivant des routes précises permettant de relier deux points en à peine deux minutes si on fonce droit. Ces wastelands abritent 3 zones d'habitation qui feront office de hub. La première n'est qu'un campement dans lequel vous apprendrez les bases du jeu avant d'être prié de quitter les lieux pour vous rendre dans la ville de Wellspring d'où vous devrez ensuite repartir pour rejoindre la capitale du second wasteland, Metro City. C'est depuis ces hubs que vous progresserez dans le jeu, leurs maires ou shérifs étant là pour vous confier les missions principales, mais également d'ici que vous trouverez des commerces, des missions secondaires ou des activités ludiques. Tous les habitants des villes sont très travaillés, ils ont tous une personnalité qui leur est propre, et ils pourront parfois vous confier des missions.Des flingues qui envoient
Si la partie exploration est limitée à sa portion congrue (le héros ne peut pas se servir de ses bras et ne peut pas sauter plus haut que 30 cm, il y a des murs invisibles partout et des portes fermées tous les 10 mètres), il faut bien avouer que la partie shoot est quant à elle parfaitement réglée. On sent sur ce point que c'est id Software aux commandes. L'arsenal à votre disposition est très agréable à utiliser, avec notamment le fusil à pompe qui fait un petit bruit métallique jouissif à chaque détonation qui résonne encore dans mes oreilles. . J'ai tout de même regretté que les fusils d'assauts manquent un peu de patate, j’aurais en effet aimé qu‘ils soient un poil plus puissants. Au début du jeu on a peur de les utiliser pour économiser les balles, et lorsqu'on a assez d'argent pour se payer des munitions les ennemis sont devenus trop résistants et on doit leur vider un chargeur complet sur la gueule pour qu'ils meurent. Heureusement, pour nous aider dans la lourde tâche de ménage post-apo, les développeurs ont intégré un système d'artisanat qui permet de construire ses propres armes, gadgets et munitions à partir des plans achetés chez les marchands et des objets récupérés sur les cadavres. On commence doucement avec le boomerang, qui est une sacrée bonne idée tant son utilisation est jouissive, pour ensuite construire du matériel plus efficace comme des grenades, des drones de combat, des voitures téléguidées explosives etc. Et surtout, vu les situations dans lesquelles nous place le jeu, ces évolutions – et celles des munitions – trouvent une vraie résonance dans le gameplay.Mais des armes efficaces sur des mollusques, ce n'est pas très intéressant, et les développeurs ont eu la bonne idée d'intégrer une IA dans leur jeu. Alors bien évidemment, il y a quelques ratés, mais dans l'ensemble, les ennemis sont plutôt coriaces. Leurs réactions sont coordonnées et certains se mettent par exemple à couvert derrière le bouclier de leur coéquipier. Mais surtout, les ennemis sont très vifs et très mobiles et les mutants n'hésiteront pas à sauter des plafonds aux murs et de vous foncer dessus en prenant soin d'éviter vos balles. Ils sont super agiles, et il est vraiment difficile de les viser, surtout sur consoles. Ajoutez à cela que les animations sont extrêmement travaillées, et vous obtenez un cocktail plutôt détonnant et affreusement efficace. Ceci, ajouté à des attaques en bandes organisées qui permettent d’affronter des groupes d’ennemis assez nombreux, confère au jeu une difficulté correcte. En mode difficile, il m'a fallu 15 heures pour terminer le jeu, en faisant toutes les missions de course, toutes les missions secondaires et en prenant le temps de visiter. Autant dire que si vous laissez de côté toute la partie véhicule, tous les missions secondaires, et que vous jouez en facile, vous pourrez finir le jeu en 6-7 heures. Mais ne venez pas vous plaindre ensuite que le jeu est court. On regrette que les missions secondaires ne soient pas un peu plus travaillées, car du strict point de vue de l'aventure, la seconde partie du jeu est bâclée. Impossible pour id Software de nier la chose, car d’une le système finit par s’essouffler et, surtout, les missions sont moins riches et moins travaillées à mesure que l’on progresse. C’est une évidence, il fallait finir Rage à temps. Ou alors retirer des pans du jeu pour les intégrer en DLC ?
Un peu de course dans ton FPS
Toute la partie course du jeu est très réussie mais tout à fait facultative. Il existe deux types d'utilisation des véhicules, les courses compétitives et les promenades dans les Wastelands. Les courses permettent de faire monter votre notoriété auprès des habitants des villes, qui vous salueront plus facilement et vous féliciteront pour vous exploits sur le circuit, mais surtout vous permettent d'améliorer vos véhicules avec des armes et du matériel. Les développeurs n'ont absolument pas raté la partie course puisque la conduite des véhicules de Rage est plutôt agréable et très simple à prendre en main. Ils ont également pensé à ajouter plusieurs modes de jeu dont le contre la montre, des courses où il faut capturer des checkpoints et des courses à la Mario Kart avec armes activées et fun au rendez-vous. J'ai tout de même regretté que la difficulté ne soit pas au rendez-vous, puisque pendant tout le jeu je n'ai perdu qu'une seule course, et c'était un contre-la-montre où je me suis planté dans un mur. En tout cas, cette partie du jeu est loin d'être anecdotique, puisqu'elle vous occupera plusieurs heures.Des graphismes loin d'être impressionnants
Alors que tous les jeux id Software sortis jusqu'à présent ont servi de vitrine technologique pour le moteur maison, l'id Tech, force est de constater que ce n'est pas le cas ici. Sur la version Xbox 360 que nous avons reçus, le jeu ne déçoit pas, sans non plus émerveiller. L'utilisation de la technologie de Megatexture permet de ne pas avoir de textures monotones et répétitives. Néanmoins, la technologie a également ses limites, et il faudra absolument installer le jeu sur le disque dur de la console sous peine d'avoir des affichages de textures plusieurs secondes en retard ; et même l'installation ne vous évitera pas un petit décalage quasiment systématiquement, grignotera 20 Go sur votre disque dur, mais réduira sensiblement les temps de chargement. En plus d'apparaître en retard, les textures sont souvent peu travaillées, ce qui rend l'ensemble très inégal en fonction des zones visitées. A ce problème récurrent de textures, il faut ajouter les éclairages du jeu qui sont statiques, là où Doom 3 proposait en 2004 une gestion des éclairages dynamiques. Un choix tout à fait étrange, quand on sait que le moteur est parfaitement capable de gérer les éclairages dynamiques.Par contre, là où le jeu impressionne, c'est par sa fluidité. Les excursions en véhicule dans le Wasteland sont un vrai régal pour les yeux, et la fluidité est exemplaire. Je ne dispose d'aucun outil pour mesurer que le jeu atteigne bien les 60 FPS promis par Carmack, mais je peux vous garantir que je n'ai eu à aucun moment de la campagne ne serait-ce qu'un ralentissement. Une prouesse technique sur une console qui commence à accuser son âge. Ajoutez à cela une palette de couleurs vraiment bien choisie, et vous obtiendrez un titre globalement maîtrisé.
La rédaction n'étant pas équipée du matériel nécessaire pour la capture d'images sur Xbox 360, les screenshots qui parsèment ce test son issus de la version PC du titre.
Conclusion
Sans aucun doute là-dessus, Rage est bien une production id software. Le développeur a su proposer un jeu de tir à la première personne avec des gunfights nerveux et très bien équilibrés. La réalisation est très satisfaisante, sans être non plus extraordinaire (la faute à un jeu qui arrive un peu tard sur cette génération de consoles), mais le jeu est toujours fluide et c'est un régal sur Xbox 360. Si l'essence même du jeu n'est pas ratée, on ne peut être que déçu par les à-côtés. En premier lieu, son monde aurait pu être plus ouvert et plus vivant et son architecture moins répétitive. De la même manière, la seconde partie du jeu semble un peu expédiée. Ceci étant dit, cela n’empêche pas Rage de s'imposer comme une nouvelle licence à suivre.
Enfin, bref, comme tu dis, c'est bien une production id software, ya pas à chier. Rien que pour ça, j'aurais mis "très bon".
PS: Tim, n'aurais-tu pas pu le tester sur PC ?