Comme tout bon blockbuster cinématographique qui se respecte, le dernier film de James Cameron, Avatar, a droit à son adaptation vidéoludique. Cette dernière est confiée à Ubisoft qui l'a développé dans ses locaux de Montréal pour en faire un jeu d'action grand public. Comme le film dont il est tiré, Avatar : The Game met en scène le combat d'une race indigène pour défendre sa planète face aux vues prédatrices de l'Homme sur ses ressources naturelles.
Un jeu basé sur le film, mais pas trop
C'est dans la peau de Ryder, un soldat spécialiste des signaux, que vous prendrez part à l'aventure sur Pandora. Une aventure qui se veut d'ailleurs distincte de la trame du film, même si elle en reprend les fondements. Affecté sur Pandora, vous avez été choisi parmi des milliers d'autres pour participer au programme Avatar qui vous donne la possibilité de contrôler une créature se rapprochant physiquement des caractéristiques de la peuplade locale, les Na'vis. Car la planète Pandora renferme un minerai aux propriétés extraordinaires qui suscite les convoitises des leaders humains qui espèrent bien s'en emparer de gré ou de force. Les Avatars ont été développés pour permettre d'approcher les Na'Vis et les convaincre de céder les ressources de leur planète. Le jeu, comme le film, se place dans ce registre d'une lutte des faibles contre les forts, de la technologie contre la nature etc.Bienvenue à Pandora : un monde où vous avez le choix, mais pas trop
Cette dichotomie se retrouve bien évidemment dans le gameplay du jeu puisque les développeurs ont affirmé dès le début du développement vouloir placer le joueur face à des choix moraux. Mais la mise en scène maladroite tourne ces choix au ridicule. Après une heure de jeu pendant lesquelles vous exécuterez quelques missions basiques destinées à vous inculquer les bases du gameplay (en tant que soldat de base ou en tant qu'avatar) vous devrez opter pour l'un des deux camps et ainsi décider la campagne que vous voulez choisir. Mais il est extrêmement difficile de se tourner vers la campagne RDA car le jeu fait de son mieux pour vous décourager. Ainsi le jeu tente de distiller une certaine morale d'une manière un peu grotesque : les humains sont là pour tuer et piller les terres d'un peuples pacifiques : les Na'Vi. En gros, si vous choisissez de combattre pour la RDA vous aurez accès à tout l'attirail moderne d'armes et de véhicules (fusils d'assaut, lance-flammes, aéroplanes, mecchas, etc...), mais dans ce cas soyez prêt à jouer un Marines qui ne fait qu'obéir à sa hiérarchie. Si cela ne vous convient pas vous pourriez faire l'étoffe d'un Na'vi, des autochtones mystiques qui défendent leur planète contre le pillage orchestré par les forces humaines, dans ce cas vous aurez la conscience libre et accès à un arsenal bien moins sexy : arcs et flèches, massues et armes de corps-à-corps seront vos armes. Si vous avez choisi la camapgne du côté humain, vous aurez une chance de vous rattraper avec un ultime rattrapage sur la fin de la campagne.Il m'a fallu près de 12 heures de jeu pour finir la campagne du côté des humains et pareillement du côté Na'Vis, donc il n'y a pas d'erreur sur la marchandise, vous en aurez pour votre argent. Le seul problème, c'est que toute la campagne Na'Vi est ratée. La faute à un mauvais système de visée (sur PC ça va encore à peu près, c'est pire sur consoles) et des mécaniques de jeu pénibles : les missions des Na'Vis sont plus orientées vers la guérilla et donc vers l'infiltration. Mais s'infiltrer avec un personnage de deux mètres de haut, c'est pas spécialement évident. De plus, les missions Na'Vi vont du mauvais au soporifique en passant par quelques bonnes idées. Si vous ajoutez à cela les véhicules qui sont une véritable plaie à conduire (des deux côtés, et tous sans exception, sauf peut-être le cheval), vous obtiendrez les clés de l'infortune du jeu.
Avatar : la magie d'un univers
La planète Pandora est bel est bien l'un des protagonistes du jeu. Les développeurs ne se sont pas contentés de reproduire bêtement la faune et la flore qu'il y avait dans le film, ils ont réellement approfondi chaque détail de la planète, chaque lieu, chaque plante. Au point d'ailleurs de créer une « pandorapedia » que vous enrichirez tout au long de l'aventure à l'instar de Beyond Good & Evil, sans pour autant que cela ne soit obligatoire. Mis à part quelques succès/trophées sur consoles, cette opération ne sert strictement à rien, c'est simplement pour le bonheur de l'encyclopédisme universel. On aurait aimé que ces découvertes soient un peu plus liées au gameplay du jeu avec des récompenses en expérience voire en équipement. On aurait également aimé que cette partie soit plus développée avec des espèces rares à trouver dans le monde. Mais il n'en est rien, et c'est bien dommage.Niveau graphismes, le jeu utilise le moteur maison, le Dunia Engine, utilisé dans Far Cry 2. Le moteur est bien utilisé dans Avatar : The Game, tirant parti du cycle jour/nuit, de la propagation du feu en temps réel, de la gestion de DirectX 10 et de grands environnements. D'ailleurs, sur ce dernier point, le jeu est assez décevant. Les cartes sont en effets très grandes, mais elles ne sont composées que de couloirs plus ou moins larges. Pour traverser la carte d'Est en Ouest, vous ne pourrez pas tracer tout droit, mais il faudra utiliser un dédale de couloirs (il n'y a qu'à voir les mini-cartes sur les images qui parsèment cet article pour s'en convaincre).
Les gadgets de gameplay
Avatar propose un mini-jeu calqué sur le principe du jeu Risk (mais si, le jeu de société). Ce dernier permet de dépenser un peu les points d'expérience en achetant des unités mais ne fait pas progresser le jeu. En gros, c'est un petit plus inutile. On aurait aimé qu'il soit un peu plus évolué et qu'il permette par exemple de voir les combats quand on fait s'affronter deux régions, voire même que le résultat de cette capture de territoire influe sur la campagne principale. En tout cas, un élément qui aurait pu rattacher d'avantage ce mini-jeu à la campagne principale.L'autre trouvaille des développeurs d'Ubi, a été de doter les deux camps de pouvoirs surnaturels. Si l'on peut comprendre aisément que les Na'Vis puissent se régénérer, faire des attaques étourdissantes ou encore courir plus vite, on a du mal a adhérer au fait que les humains possèdent aussi ce type de pouvoirs. Si l'on excepte l'attaque aérienne, tous les pouvoirs des humains ressemblent à ceux des Na'Vis sans pour autant que cela trouve une justification en terme de gameplay. Les développeurs ne se sont donc pas foulés pour équilibrer le gameplay entre des Na'Vis qui auraient possédés de la magie et des humains qui auraient compensé avec l'aide de leur technologie.
Un multi anecdotique
Parlons enfin du mode multijoueur du jeu. Il faut bien avouer que cela n'a pas été la priorité des développeurs. Difficile de les blâmer, le mode multi est rarement la priorité quand il s'agit d'une adaptation cinématographique. Quoi qu'il en soit, ce mode multi ne propose que des mode de jeu très classiques : roi de la colline (contrôler la colline le plus longtemps possible. L'équipe qui a tenu le plus longtemps a gagné), capture du drapeau (capturer le drpeau adverse pour gagner des points), capture et défense (contrôler un maximum de stations, l'équipe qui en a le plus gagne), match à mort en équipe (RDA contre les bleus), ultime bataille (protéger des missiles ou des cristaux selon que vous êtes du côté de la RDA ou des Na'Vis).Si les modes de jeux sont classiques, le mode multi est plutôt bon malgré un déséquilibre des classes de personnages. Il faudra bien adapter son équipement et ses armes à ses ennemis si vous incarnez la RDA, sinon vous n'aurez pas plus de chances qu'un paquet de M&M's dans une cour de récréation. Les Na'Vis sont en effet très puissants au corps-à-corps et si le joueur qui est derrière contrôle bien son personnage, vos chances de survie en un-contre-un sont très maigres.
Conclusion
A l'heure du bilan, difficile d'évaluer Avatar de manière objective et détachée du film duquel il est tiré et auquel il emprunte beaucoup. Si l'on ne considère que la campagne des humains, c'est un bon shooter, classique, mais joli. Si l'on prend en compte la campagne Na'Vi, il devient un jeu au gameplay bancal et aux choix moraux un peu trop circonspects. Une campagne assez bonne et une campagne assez mauvaise, ça donne un jeu bien moyen. C'est dommage car il y avait du potentiel pour faire un jeu un poil plus ambitieux.