Quand Crytek Studios a annoncé travailler sur une extension stand-alone pour Crysis, on était forcément emballés, le jeu étant sans conteste l'un des meilleurs FPS de l'année dernière. Mais pour cet opus qui vous fait jouer le rôle de Psycho dans une campagne alternative au jeu original, le développeur Allemand à voulu donner une nouvelle dimension à son jeu : moins de liberté, plus d'action, plus d'explosions et une plus grande place laissée au scénario au travers de cinématiques.
Psycho, raconte-moi une histoire
Bien plus dirigiste que son aîné, cette extension sacrifie l'une des grosses caractéristiques de Crysis sur l'autel de l'immersion du joueur dans le jeu. Mais quand on a un vieux scénario digne d'une série B allemande (c'est dire) et des cinématiques "cul-cul" qui n'arrivent qu'à arracher un sourire tant elles sont pathétiques, on ne peut être que déçu de ce choix. Sans vous spoiler tout le scénario, on se rend vite compte au travers des cinématiques que le sergent Sykes, qui nous était présenté comme un gros bourrin, est en fait une gonzesse qui n'exécute pas les Coréens désarmés, qui n'arrête pas de se faire capturer et qui se prend des coups de taser à tout va malgré sa nano-combinaison. Cinématiques qui tranchent d'ailleurs énormément avec les phases où l'avatar est contrôlé par le joueur où tout change radicalement. Là on redevient un bouffeur de Coréen (quelques centaines de mort/heure) sans pitié qui flingue à tout va avec des armes de destruction massive ; du coup, on ne se reconnait pas trop dans cet avatar qui se fait capturer au cours d'une cinématique alors que cinq minutes avant on venait de prendre d'assaut une zone portuaire extrêmement bien gardée (une bonne centaine d'hommes, au bas mot, dont une unité d'élite, sans compter tous les véhicules et les armements lourds). Scénario pourrave, immersion zéro, tout est donc à jeter dans cette extension ?Petite dose de continuité
Non, forcément. Si vous aviez été séduit par l'univers du premier opus, vous remarquerez très vite que la magie opère toujours. Les graphismes y sont pour beaucoup, assurément. Il n'empêche, ce monde nous est connu et retrouver ses mécaniques de jeu n'est pas déplaisant. La combinaison sert toujours aussi bien l'action pour passer en une fraction de seconde d'une approche furtive à un assaut frontal -et vice versa. Mais, vous vous apercevrez très vite que les zones de jeu ont été diminuées, la majorité du jeu se déroulant dans des grands et beaux couloirs, mais des couloirs quand même. En 5-6 heures de jeu, cette extension se paye par exemple le luxe de nous offrir pas moins de 3 grandes phases d'action scriptées avec des véhicules (une dans la neige avec un aéroglisseur, une dans la jungle avec un véhicule blindé et une dernière à bord d'un train). Si on regroupe ces trois phases de jeu, on doit facilement arriver à un bon tiers du jeu, qui n'est pas forcément des plus réussis. Un enchaînement des scripts n'est pas forcément toujours plaisant, avec des ennemis qu'on poursuit mais qu'on ne rattrape jamais ou des extra-terrestres invincibles.Multi, mon amour
Le début du développement de Crysis : Warhead a coïncidé avec l'arrêt du support de Crysis. Les développeurs ont donc misé gros sur cet add-on qui doit marquer la continuité et, surtout, faire passer les joueurs de Crysis vers cette extension. Cette volonté a été matérialisée par Crysis Wars qui n'est ni plus ni moins que le nom de la partie multijoueurs du titre. Cette dernière se retrouve donc indépendante (sur Steam mais aussi dans les versions boites). A quoi cela sert-il ? Bah par exemple à organiser des week-ends/semaines en proposant la partie multijoueurs du titre gratuitement afin de rapporter plus de joueurs et pourquoi pas à l'avenir de proposer cette partie du titre gratuitement aux joueurs à l'instar de F.E.A.R. Combat (qui proposait la partie multijoueurs de F.E.A.R. gratuitement). Par rapport à son aîné, Crysis Wars apporte un nouveau mode de jeu (TeamInstantAction, qui est un bête TDM) et 21 cartes dont sept totalement nouvelles. En plus de ça, le mode PowerStruggle à été un peu remanié pour le rendre plus accessible et plus lisible pour les joueurs. Par exemple, le HUD permet de mieux comprendre l'avancement du round, les règles et les objectifs sont plus simples. Et, surtout, il n'y a plus de matchs nuls dans les parties grâce à l'assouplissement des règles du PowerStruggle. Au final, le mode multi est de bien meilleure facture que celui du précédent opus et bien plus facile à prendre en main. J'y ai joué de nombreuses parties, et je ne me suis toujours pas ennuyé... si c'est une preuve de sa réussite. On attend désormais un serveur dédié Linux, chose qui sera capitale pour que le multi soit viable.Alors, bon, pas bon ?
Avec cette extension Crytek a fait le pari de proposer une expérience de jeu plus scriptée, en accompagnant bien plus le joueur dans sa progression. Pari raté, toutes ces phases de jeu étant chiantes comme la mort et, en plus de ça, desservies par des cinématiques dignes de mauvaises séries B Allemandes (la série Le Clown passe pour un chef-d'œuvre à côté). Il n'en reste pas moins que la magie opère toujours dans les phases de gameplay conventionnelles (comprenez quand on est pas guidé par un couloir avec un véhicule) et le moteur graphique s'affirme encore plus comme une référence du genre.Proposé à petit prix (moins de 30€) le jeu est largement sauvé par son mode multijoueurs et sa faible durée de vie est finalement excusée par le prolongement proposé par un mode multi assez dynamique.
Configuration de test :
Carte mère : Asus P5N-E SLI
Processeur : Intel Core 2 Duo E6750 @2.66 Ghz
Carte graphique : EN 8800 GTS 320 Mo
Mémoire vive : OCZ Platinium 2x 1 Go PC6400 R2