Introduction
Boiling Point se présente comme un Deus Ex dans une province Colombienne de 650 km² sans aucun temps de chargement. Dans le jeu, rien n’empêche le joueur de tuer tout le monde ou d’insulter les gens qu’il croise. On est libre de faire ce qu’on veut : remplir les missions, progresser dans l’intrigue ou simplement explorer la carte.
Sur le papier, le concept est excellent, mais il est gâché par une réalisation où le meilleur côtoie le pire.
Pourtant, même s’il contient une quantité « certaine » de bugs, Boiling Point peut faire le bonheur des amateurs de liberté. On joue le mercenaire, c’est l’aventure, l’exotisme, les grands espaces et des hélicoptères de la mafia qui me prennent en chasse alors que je conduis un bus des civils, bande de chacals !
Fiche
Titre : Boiling Point : Road to Hell
Développeur : Deep Shadows
Editeur : Atari
Plate-forme : PC
Sortie : 20 mai
Version testée : 1.0 textes en français et voix anglais
Configuration de la machine : CPU P IV 2GHz, 512 Mo RAM DDR, carte graphique 400 MHz 256 MB
Configuration recommandée : Idem
Site officiel : http://www.atari.com/boilingpoint
Jeu de rôle
BP est un JDR avec des armes à feu, plutôt qu'un FPS avec progression du personnage. Les aptitudes évoluent très vite, plus on pratique, plus ça monte.
Comme dans Postal 2, nous avons à faire à un « héros charismatique ». Il permet, lors des dialogues, d’insulter les gens, de se foutre d’eux, de les flatter… On a la possibilité de placer des répliques cinglantes du style « Dégage mamy » ou encore « Je te conseille de travaillez gratuitement ! ». En voiture, on peut même klaxonner en beuglant « Dégage de là » comme un bon parigot.
Les dialogues sont à choix multiple, agrémentés de délicieux traits d’humour (« la moitié de mes amis m’appellent la batterie anti-aérienne »), ce qui contribue à poser l’ambiance. Certaines fenêtres de dialogue offrent le choix entre onze répliques. En fonction des choix, on obtiendra ou non ce qu’on désire. Malheureusement, les dialogues de base sont extrêmement répétitifs et seule une partie est doublée.
La consommation de drogue, d’alcool et de médicaments provoquent des effets d’accoutumance, voire même des hallucinations. Il faut dormir plusieurs heures chaque jour, sinon, le personnage perd ses réflexes au volant et courre moins vite. Les intempéries feront éternuer le personnage comme un idiot en pleine mission d’infiltration. Si le personnage porte des charges lourdes, sa capacité d’emport augmente, mais plus il est chargé plus il est lent.
Se soigner peut se faire de plusieurs façons : aller voir un médecin, s’injecter de la morphine, dormir, prendre une potion médicinale ou encore manger des fruits.
Les relations entre factions sont très bien conçues et surtout bien implantées : si le joueur travaille contre la Mafia, sa cote au près du Gouvernement, de la CIA et des Guérilleros va chuter. Avec 7 factions sur une carte de 650 km², on a de quoi foutre un beau bordel. Pour l’instant, j’ai réussi à me mettre à dos les Bandits et la Mafia (ils tirent à vue sans sommation). Par contre je suis en très bon terme avec le Gouvernement, les Guérilleros, la CIA, les Civils et les Indiens. Ça tombe bien, les deux premiers contrôlent tout le pays.
Inventaire et profil
L’inventaire s’utilise de façon instinctive, on le remplit en prenant des objets au sol, dans les inventaires des autres PNJ ou simplement en recevant un objet. Pour la manipulation, il suffit de cliquer et de déposer, enfantin.
En plus de l’armement, on dispose d’un appareil photo, un micro directionnel, une montre, un téléphone cellulaire, une paire de jumelles, un mégaphone, des seringues, des potions médicinales, des fruits et des gilets pare-balles de différentes épaisseurs et une lampe torche.
Il n’y a pas assez d’aptitudes (skills) : la plupart des armes sont rassemblées dans l’aptitude armes autos et il n’y a pas d’évolution de la compétence au pilotage, juste des permis à obtenir.
Action
Au début, on n’a pas vraiment le choix, il faut prendre sa voiture, traverser la région, remplir la mission puis refaire le trajet en sens inverse pour toucher la prime. Mais on a accès aux hélicoptères, on réalise enfin la liberté d’action qui est offerte. Par exemple, on peut prendre une mission chez le lieutenant de l’Air Force pour détruire un char des guérilleros et en profiter pour remplir d’autres missions à l’aide de l’hélico, comme espionner une réunion de la pègre, détruire un aéroport de la mafia et ouvrir l’entrée d’une caverne avec un missile pour découvrir un trésor.
Les missions sont variées : assassinat, trafique de drogue, commando, pilotage, kidnapping, sauvetage, vol, espionnage,… Je n’ai jamais eu le sentiment de refaire la même mission.
En se promenant, on fait des rencontres, on traverse des embuscades, on assiste à des fusillades sur la route ou dans la jungle, on assiste aussi à des combats entre hélicoptères, on les voit se faire abattre par les défenses anti-aériennes… Des combats ont lieu autour du joueur sans qu’il ne soit impliqué. C´est amusant de voir tout ce monde se taper dessus et rester là comme un spectateur à se demander qui va gagner.
La Realie est un petit coin de paradis pour l’amateur d’armes et il va falloir parcourir la région dans tous les sens pour accomplir les centaines de missions qui sont offertes.
Que ce soit le joueur ou l’ennemi, si il est touché la jambe, il ne peut plus courir ou ni sauter ; une blessure au bras et la visée devient plus précaire. Contrairement à tous les autres FPS, ici, il est impossible de tuer en visant les bras ou les jambes, l’ennemi partira en boitant, mais ne mourra pas. Petit détail intéressant : les balles classiques traversent les planches, les balles perforantes traversent les gilets pare-balles, les balles silencieuses n’ont pratiquement aucune puissance, il faut donc atteindre la tête. Dans la même optique, il est impossible de détruire un véhicule blindé sans arme anti-char.
Voici des exemples d’actions :
• Mourir et me réveiller à l’hôpital
• Voler de voitures et les revendre
• Acheter un fusil d’assaut dernier cri AUG 77
• Assister à des dizaines d’escarmouches et ramasser les armes
• Nettoyer la ville des bandits
• Passer les permis hors-bord, avion, hélico
• Me faire attaquer par des jaguars, des serpents et des abeilles dans la jungle
• Vendre des griffes de jaguar et des peaux de serpents
• Sauver un petit garçon malade
• Manger des beignets et toute sorte de fruits
• Refuser de la drogue (c’est pas bien les enfants)
• Pêcher des poissons à la grenade pour les vendre
• Sortir avec une employée de banque
• Flinguer les cocotiers pour récolter les noix
• Prendre une cuite (pas évident de marcher droit après)
• Sauver la vie d’un type qui voulait sauter d’un pont
• Prendre d’assaut un aéroport de la mafia pour dérober un hélico
• Flinguer une bonne centaine de mercenaires de la mafia
Malgré ce descriptif alléchant, il y a quand même de gros défauts : l’infiltration est possible, mais très limitée, si le joueur tue la cible ou vole l’objet même sans être repéré, toute la base est en alerte. La jungle grouille de serpents, de jaguar et d’insectes. A chaque fois qu’on sort de la voiture, on se fait attaquer par un jaguar. Lorsqu’on se promène, on croise un serpent toute les 30 secondes. Les escarmouches ont toujours lieu aux mêmes endroits. La station de police est fermée la nuit mais si on passe par la fenêtre tout le monde est là comme si de rien n´était.
Véhicules
On parcours énormément de kilomètres, heureusement les moyens de transport ne manquent pas : deux bateaux, un Cessna, un hélicoptère de tourisme, deux hélicoptères de combat, un hélico de transport, une dizaine de voiture dont une Ferrari, un char Abraham et un lanceur de missiles.
Pour la conduite des véhicules, la maniabilité et le comportement physique sont loin d’un GTA ou Driver. On a plus l’impression de conduire un cube qu’un 4x4 avec suspensions indépendantes. Les réactions sont souvent surprenantes comme un tête à queue à 30 km/h avec un Hummer de 2 tonnes.
Un camion se comporte très différemment d’une voiture de sport, le bateau est à l’évidence moins maniable qu’un hors-bord, mais les contrôles restent trop basiques pour éprouver une quelconque sensation. Faire un raid en hélicoptère est une véritable plaie, on finira généralement par se poser pour finir les survivants soi-même.
Le pilotage est très facile pour tous les aéronefs sauf l’avion qui demandera plusieurs heures de pratique avant d’arriver à le poser quelque part. D’ailleurs se crasher en avion est incroyablement réaliste, d’abord on entend un bruit assourdissant lorsque les branches des arbres frappent la carlingue, ensuite l’avion glisse sur le sol, une aile se brise, l’avion se couche et finit par s’immobiliser, le joueur à une seconde pour sortir avant l’explosion.
L’utilisation des voitures est réaliste : la voiture part en tête à queue, les roues patinent, les phares peuvent être allumés ou éteins (très pratique pour éviter d’être repérer par un hélico), il faut faire le plein, réparer, remplir le coffre et même changer un pneu…
Point de vue absurdités, le hors-bord est équipé d’une mitrailleuse invisible, toutes les mitrailleuses font le même bruit. On ne peut pas réarmer, réparer ou remplir le réservoir des aéronefs prêtés pour des missions. Le plafond est limité à 100m et on n’a pas de parachute.
Intelligence artificielle
L’intelligence artificielle est nulle à première vue : les ennemis ne se mettent pas à couvert et visent comme des cloches.
En progressant dans le jeu, on réalise que l’IA n’est pas complètement foireuse : les grenades tombent juste, des hélicos prennent en chasse le joueur, mais finiront par rentrer à la base si il reste planqué dans les buissons, on peut attirer les hélicos en allumant les phares ou la lampe, les ennemis tirent d’abord dans les pneus de la voiture pour ensuite arroser le conducteur, etc.
Les passants sont plus ou moins convaincants lorsqu’ils se promènent, mais une fois en voiture, c’est la catastrophe, les voitures se télescopent, emboutissent les murs, les réverbères, écrasent les gens sur la route… Il n’est pas rare non plus de voir deux hélicos amis se percuter en plein vol. Durant une escarmouche entre soldats du gouvernement et guérilleros, on peut trouver deux autres soldats à moins de 20 mètres qui discutent tranquillement. C’est pathétique, mais on finit par en rire.
Arsenal
Boiling Point reste un FPS assez agréable, la prise en main est facile et même avec peu d’expérience on peut faire très mal. L’arsenal à votre disposition n’est pas énorme : un couteau, cinq fusils d’assauts, un mini-uzi, trois pistolets, une grenade à main, un fusil de sniper, une arbalète, un lance-missile anti-aérien, un lance-roquette, un lance grenade et un fusil à pompe.
Les armes sont bien réalisées, d’ailleurs le niveau de détail est équivalent à Vietcong, on peut juste souligner quelques erreurs comme le levier d’armement sur la gauche ou l’impossibilité de changer le mode de tir. Les animations et les sons des armes sont réalistes, on n’a pas l’impression d’utiliser des répliques en plastique. On regrettera aussi le pseudo iron sight à la Far Cry qui gâche un peu le réalisme voulu par les développeurs.
On retrouve donc 5 modèles de fusils d’assauts, trois modèles de pistolets, mais un seul fusil à pompe ou un seul pistolet mitrailleur. Pourquoi ne pas avoir inclus autant de diversité pour toutes les catégories d’armes, on n’aurait aimé avoir un MP5 ou un shotgun auto en plus.
Je ne sais pas pourquoi, mais les noms d’origine des armes ont été remplacés à la dernière minute par des noms fantaisistes, probablement une histoire de licence.
Le fameux .44 magnum est d’une puissance ridicule, il faut coller 6 balles dans le buffet d’un ennemi sans gilet pare-balle pour avoir une chance de la tuer.
Ambiance sonore
Musique : de qualité assez moyenne, la musique contribue pourtant à renforcer l’ambiance Amérique Latine du jeu. Il y a seulement une poignée de thèmes en fonction du lieu ou de l’action : la ville, la jungle, la montagne, la route, le combat, l’infiltration.
Son : il y a toujours toutes sortes de sons qui entourent le joueur et qui dépendent de l’environnement afin de renforcer l’immersion. La transition sonore entre la ville et la jungle est marquée comme un DJ n’ayant qu’une platine et qui changerait de disque.
Esthétique
Pour être franc, c’est grand, c'est beau, mais c’est aussi un peu vide et répétitif. Après avoir parcouru des centaines de kilomètres dans la jungle, on finit par avoir un sentiment de déjà vu. Dans la jungle, on croise des serpents, des jaguars, des piranhas, des essaims d’abeilles, des soldats et parfois on tombe sur un petit bonus.
Les décors sont réalisés par blocs, le même motif se répète plusieurs fois. Les zones de la carte sont en fait des modules appliqués au petit bonheur, une bonne finition aurait permis d’arranger ça. De même, les routes, les cours d’eau, les montagnes sont en ligne droite et les tournants sont tous à angle droit comme dans l’éditeur d’un vieux Command & Conquer.
Les modules peuvent être décrit comme ceci : un village, une base, un aérodrome, une cascade, une portion de route, quelques portions de rive, quelques maisons, des portions de jungle, une ruine, une pyramide à degré, un pont suspendu et un pont de pierre. À noter que la seconde ville du jeu est complètement bâclée et que les intérieurs sont désespérément vides.
La jungle est bien rendue, même si elle n’est pas très dense. Par contre, les villes sont plutôt mornes. L’eau est une des mieux rendue que j’aie pu voir et n’a rien à envier à Far Cry. La succession jour/nuit est très rapide, à peine 4 heures, comme phénomènes météorologique on a droit à la pluie, l’orage, le ciel couvert, le ciel dégagé, la brume du matin et le brouillard à couper au couteau.
Les personnages sont bien détaillés, mais il y a un manque flagrant de diversité des PNJ pour un jeu de cette ampleur en tout cas. On retrouve l’agent de la CIA, le baron de la drogue, le médecin, le gamin, le commandant et l’indien qui sont tous des clones rigoureusement identiques que l'on croisera tout au long des déplacements. Les PNJ n’ont pas de vie, ils circulent, discutent (toujours les mêmes répliques), mais on sent bien qu’ils sont là uniquement pour servir de décors. Quand un PNJ a fini de jouer son rôle, il reste là comme un idiot jusqu’à la fin du jeu.
Dans une ville, les seuls bâtiments que le joueur peut visiter sont ceux où il y a quelque chose à faire, les autres sont inaccessibles, ce qui donne l’impression que tout l’environnement est conçu autour du joueur.
Les effets visuels liés au personnage sont bien implantés, si on a une balle dans la jambe, l’écran plongera du coté de la jambe blessée à chaque pas. Si on est bourré, on n’arrivera plus à marché droit car les touches de déplacements sont modifiées aléatoirement, l'écran se déformera et des couleurs apparaitront durant un certain temps.
Scénario
La quête principale consiste à retrouver votre greluche de fille qui n’a rien trouvé de mieux que d’enquêter sur les agissements d’un mafieux en plein pays des Barons de la Drogue. Et la sauce prend, on a vraiment l’impression de mener une enquête avec des rebondissements. Un bon scénario bien tordu qui fera visiter toute la carte. D’ailleurs, on a la solution sous les yeux depuis le début, mais les pièces du puzzle ne se mettent en place qu’à la fin, on a même droit à un soupçon de paranormal.
À côté de la quête principale se greffent des centaines de missions sans rapport avec l’intrigue qui permettent d’obtenir de l’argent, des objets, des armes, des véhicules et des informations.
Technique
Il faut une machine de luxe pour en profiter pleinement (processeur à 3 GHz, 1Go de mémoire vive et une carte graphique de bourgeois). Mais la config minimale permet tout de même de mettre les principales options graphiques à un niveau acceptable pour profiter de la beauté de l’environnement, même si des ralentissements importants sont à déplorer.
Si le moteur graphique n’a rien à envier à Half Life 2, le moteur physique, par contre, est plus limité, on peut prendre et lancer des objets légers, mais ça reste plus un gadget qu’autre chose, la destruction des décors n’est pas implantée.
Après avoir lu des dizaines de posts sur le site de Deep Shadows, Boiling-Point.net et Jeuxvideo.com, j’ai pu constater que beaucoup des joueurs avaient de gros problèmes rendant le jeu absolument injouable, alors que d’autres n’en avait absolument aucun. Apparemment, les bugs apparaissent sur les configs les plus balèzes alors que les petites configs n’ont que des ralentissements.
Les développeurs sont tout à fait conscient des problèmes et travaillent sur leurs corrections, j’ai moi-même été contacté par Deep Shadows pour leur expliquer les bugs que j’avais mentionné sur leur forum. D’ailleurs, en 30 jours, ce n’est pas moins de 2 patches qui sont sortis. Les premiers patches optimisent un peu les performances, corrigent quelques éléments du gameplay. Le troisième est sorti début août et résout tous les gros problèmes.
Avec la sortie du SDK, les joueurs auront un sympathique outil de création et de modification. Par contre, on est sans nouvelles du add-on censé offrir le multijoueur. Pourtant des options multijoueur et des cartes en CTF se trouvent déjà dans le jeu.
Conclusion
Si vous en avez assez de parcourir des couloirs truffés de scripts, alors BP est un bon jeu malgré une IA pathétique et des décors répétitifs. La diversité des mission et la progression du personnage donnent une durée de vie énorme à condition de supporter les bugs et autres coquilles.
Site officiel