Les défauts
Pour ma part, j'avoue avoir apprécié l'expérience proposée par cette campagne. Il y a tout de même un certain nombre de lacunes à citer.Commençons tout d'abord par la nature linéaire ad nauseam des missions, à l'exception peut-être de l'infiltration à Paris qui laisse un peu plus de libertés. Dans une production où la narration est omniprésente et où on tente de revenir prétendument à un modèle old school, ce n'est pas surprenant... mais ça n'en est pas moins chiant pour autant. Évidemment, c'est toujours marrant de se prendre une mort automatique parce qu'on s'est éloigné juste un tout petit peu du chemin balisé par les développeurs ! Comme si, en 2017, sur next gen, il n'y avait pas moyen d'enrichir le level design avec des chemins alternatifs.
L'IA toujours aussi crétine ne brille ni par ses mouvements, ni par sa stratégie, mais uniquement par sa capacité à vous allumer la tête en campant à distance. Vous lui rendrez donc la pareille en retour. Du côté de vos coéquipiers, c'est la même chose – voire pire. Ils semblent tirer, ils se mettent régulièrement devant votre mire mais ils ne tuent personne. De vrais boulets !
Signalons également l'impossibilité de zapper certaines cinématiques du jeu, surtout celles générées par le moteur du jeu. Sachant qu'elles peuvent être assez longues, c'est assez pénible quand vous souhaitez refaire des missions. A ce moment, vous vous dites : « Hé, jeu, c'est quand que tu me laisses jouer ? »
Techniquement, le jeu n'est pas une claque graphique. On l'a testé sur PS4 Pro, c'est joli et plutôt propre, mais si vous lancez un titre comme Battlefield 1 sur la même console, vous constaterez quand même que le titre de Sledgehammer accuse un coup de vieux à cause d'une technique vieillissante, d'un moteur graphique qui n'est plus au top, d'où des effets de lumière, des textures ou des explosions qui n'impressionnent plus.
Les qualités
Toutefois, réduire ce Call of WII à ces seuls défauts serait une erreur, parce qu'il a aussi des qualités que l'on peut mettre en avant.Ainsi, il y a une vraie maturité dans l'écriture qui aborde le sujet avec beaucoup de justesse, de respect même et qui tente également d'aborder des faits que le jeu vidéo n'évoque pas. On peut le dire : il y a dans ce jeu une ambition très cinématographique, au sens plutôt noble du terme, c'est-à-dire que ce n'est pas seulement un souci de pyrotechnique visuelle mais une écriture qui immerge le joueur au sein d'une réalité historique et qui essaie de le confronter à des situations émotionnellement crédibles. Et pour le coup, je tire sincèrement mon chapeau !
En plus d'une écriture soignée, la campagne bénéficie globalement d'une direction artistique soignée. Si la technique n'est pas tout à fait au sommet, la modélisation des personnages et des décors est crédible, les cinématiques en jettent. Et puis, il y a cette superbe bande originale composée par Wilbert Roget, que j'ai vraiment appréciée.
Il faut aussi aborder la gestion de la vie de votre personnage. Oubliez la vie qui régénère tout seule. Cette fois, vous avez une barre de vie qui diminue quand vous prenez des dégâts et il va falloir récolter des packs de soin et les utiliser à bon escient. Une mécanique un brin old school qui modifie un peu la façon d'aborder les situations et qui génère un stress différent. Un peu de challenge, ça fait quand même du bien et, pour tout dire, c'est peut-être l'une des mécaniques que j'ai préféré dans cette campagne.
Vos coéquipiers ont une certaine utilité. Ils ne sont pas là uniquement pour se coller devant votre mire, au moment où vous visez l'ennemi – ne soyons pas mauvaises langues. Non, ils ne tueront pas vos ennemis à votre place – ne rêvez pas non plus ! En fait, ils vous donneront régulièrement des petits paquets bonus au bout d'un certain nombre de frags. Zussman vous filera des packs de soin, les autres vous donneront des grenades, un soutien aérien, une mise en évidence des ennemis – pratique, quand vous balancez une fumigène.
Enfin la durée de vie n'est pas ridicule. Il y a 11 missions avec des actions particulières à réaliser pour les trophées, des coéquipers à sauver, de classiques babioles à découvrir. Et pour le coup, on vous recommandera de régler la difficulté au minimum au troisième cran – voire même au maximum. Histoire de ne pas la « rusher » et de la savourer sur dix ou douze heures. Oubliez les modes de difficulté inférieures, vraiment réservées aux gros néophytes, à cause d'une IA qui serait capable de rater un éléphant en plein milieu d'un corridor.