Un concept simple mais efficace, un trailer original qui a marqué les esprits, et voici comment Dead Island a su emporter le morceau auprès des amateurs de boucherie zombicide. Moins de 2 ans et 5 millions d'exemplaires vendus plus tard, les développeurs de Techland continuent de surfer sur la hype et sortent un nouvel opus, Dead Island Riptide, dont les premières impressions semblent davantage rapprocher le titre du statut de gros DLC que d’une véritable suite. Qu’en est-il vraiment ? Verdict.
Necro-Lanta
Exit Banoi et son ambiance de Club Med dévasté et place à Palanai, une autre île paradisiaque ayant succombée à l’invasion de zombies et sur laquelle les survivants du premier épisode vont échouer après un prologue mouvementé. Le scénario de Dead Island Riptide reprend ainsi l’histoire là où son prédécesseur l’a laissée et consiste toujours à suivre un petit groupe de survivants essayant d’échapper à une épidémie virale changeant la population de l’archipel en zombies affamés. On retrouvera ainsi Sam B, le rappeur de seconde zone plus doué pour fracasser les morts-vivants infectés à coup de batte de baseball que pour chanter du hip-hop, Xian Mei l’assassin experte en armes blanches, Logan le quarterback lanceur de couteaux et Purna, la garde du corps spécialiste des armes à feu. A ce quatuor va s’ajouter un petit nouveau, John Morgan, ancien militaire de l’US Navy très efficace au corps à corps et maîtrisant le bottage de zombies à coups de rangers. De quoi couvrir à peu près tous les styles de jeu, et on appréciera en bonus la possibilité offerte d’importer un personnage sauvegardé dans l’épisode précédent (sans l’argent et les armes accumulées malheureusement).Qui dit nouvelle île dit donc nouvelle aire de jeu. Palanai sera l’occasion de découvrir un terrain plus sauvage que Banoi (exit hôtel de luxe et mobil-homes cossus), constitué notamment de nombreuses zones inondées qui seront l’occasion d’utiliser un petit bateau à moteur pour circuler plus rapidement sur l’île. Ce véhicule constitue l’une des rares nouveautés du jeu car pour le reste, le joueur de Dead Island restera ici en terrain connu : il s’agit toujours ici de remplir des missions consistant le plus souvent à rallier un point précis en dégommant au passage tous les infectés qui se dresseront sur notre chemin. Compléter les objectifs et casser du zombie permettront de glaner des points d’expérience pour faire progresser l’arbre de compétence de notre personnage, toujours articulé entre les axes Survie pour l’amélioration de la santé et des compétences passives, Combat pour l’amélioration des armes et compétences d’attaque et Furie pour optimiser le mode du même nom. A noter que le joueur novice commencera ici directement au niveau 15 et pourra choisir un style de jeu qui influencera directement l'affectation des premiers points de talents. Libre au joueur ensuite de bâtir un tank résistant aux attaques adverses, ou un personnage plus fragile mais au mode Furie dévastateur.
Ça va trancher chérie
Pas d’évolution majeure non plus du côté des armes, même si on notera une amélioration notable de l’interface qui leur est dédiée (bien que celle-ci donne toujours l’impression d’avoir été optimisée pour les versions consoles). Il sera donc toujours possible de ramasser des armes de plus en plus puissantes au fil de la progression, et si les premiers kills se feront à coup de rames de bateau ou de simples bâtons, le joueur aguerri pourra rapidement mettre la main sur des armes plus efficaces : battes de baseball, épées, griffes tranchantes, jusqu’aux lance-roquettes, fusils de sniper et autres tronçonneuses, de quoi se transformer en véritable Chuck Norris des tropiques. Le crafting des armes est également toujours au programme, et en passant par l’un des ateliers répartis dans toute l’île transformer une simple lame en dangereuse dague empoisonnée ou en couteau enflammé deviendra un jeu d’enfant pour peu que l’on dispose des items requis, à ramasser dans les valises abandonnées ou sur les cadavres d’infectés. Le système de loot, inchangé depuis l’épisode précédent, poussera également les collectionneurs à fouiller un peu partout à la recherche d’armes spéciales qui permettront de faire la différence dans les mêlées ennemies. Petite nouveauté, ces items spéciaux pourront être découverts à l’intérieur des Dead Zones, des emplacements fermés généralement truffés de zombies et gardés par un champion bien plus résistant que la moyenne des morts-vivants. De quoi essuyer quelques sueurs froides lors de ces combats, même si dans l’ensemble le challenge de ce Dead Island Riptide se révèle loin d’être insurmontable.Les adversaires rencontrés offriront en effet peu de résistance pour peu que l’on fasse un minimum preuve de prudence (traduire : ne pas foncer dans le tas comme un bourrin), et seule une poignée de zombies coriaces donneront du fil à retordre. Parmi les nouveaux ennemis, on notera la présence de hurleurs, capable en un cri de paralyser notre héros, de grenadiers qui utilisent leurs propres lambeaux de chair comme projectiles mortels et des lutteurs, badass ultra-résistants qui nécessiteront beaucoup de patience pour en venir à bout. Hormis ces nouveaux adversaires, les combats se dérouleront de manière identique au précédent opus et il s’agira toujours de doser efficacement distance de frappe et endurance pour fracasser les zombies en évitant de s’essouffler (rendant le héros incapable de se battre) et de prendre des coups au passage. Plutôt chiche en boss, l’aventure solo souffre malheureusement de la même propension que son ainé à proposer un enchaînement de combats sans réelle variation des situations rencontrées. On trouvera bien de temps en temps des séquences intéressantes pendant lesquels il faudra résister à l’invasion de hordes de zombies, mais pour le reste, le titre aurait gagné à proposer davantage de variété dans les combats.
Zombis repetita
Pour pallier à cette légère monotonie, on pourra heureusement compter sur le mode coopératif (jouable jusqu’à quatre) qui à l’instar du premier épisode ou d’un Borderlands permettra au jeu de prendre toute sa saveur, d’autant qu’il sera désormais possible de jouer avec un camarade évoluant à un niveau différent du sien sans handicaper la progression du joueur de plus faible niveau en raison d’une difficulté trop ardue. Un bon point. Pour le reste, l’aventure principale pourra se boucler en une quinzaine d’heures. Compter une dizaine d’heures supplémentaires pour ceux qui auront le courage de se lancer dans les quêtes secondaires, et il en faudra tant celles-ci sont peu intéressantes, la faute à un désespérant manque de variété qui constituait déjà l’un des gros points faibles du premier jeu. Ce manque de diversité se ressent également dans les missions principales, qui s’apparentent trop souvent à des quêtes Fedex au cours desquelles un PNJ nous enverra d’un point A à un point B. Le jeu a heureusement la bonne idée dans sa seconde moitié de bifurquer dans une autre direction et un environnement plus « fermé » (et sur un nouveau terrain de jeu), rompant ainsi légèrement avec la monotonie mais dans l’ensemble, et malgré la présence de nombreuses quêtes annexes l’aventure restera terriblement linéaire par rapport aux ténors du genre. Ce manque de variété renforce l’impression que ce Dead Island Riptide a de fort relent de DLC et n'apporte finalement pas grand-chose de nouveau par rapport à Dead Island premier du nom.Car dans le même temps, le titre ne corrige pas non plus les nombreux soucis techniques rencontrés dans le premier volet, et il faudra à nouveau compter avec les problèmes de collision, bugs sonores et autres textures manquantes qui viendront égayer la partie. Techniquement, les progrès ne sont pas flagrants depuis Dead Island et si on pourra compter sur une évolution des conditions climatiques, pour le reste il faudra (dé)composer avec un rendu avant tout optimisé pour tourner sur consoles, et tant pis pour nos bécanes de compétition. A l'heure du bilan, la question qui se pose et qui va séparer ici les fans de la série des autres est donc : faut-il craquer pour ce Dead Island Riptide, sachant que celui-ci a peu à offrir par rapport à l’aventure originale ? Si vous avez aimé Dead Island, si la perspective de plus ou moins rejouer au même jeu sur une carte différente, avec quelques évolutions mineures (une poignée de nouvelles armes et de nouveaux ennemis) et sans changement du gameplay ne vous rebute pas, alors ce jeu est fait pour vous. Pour les autres, difficile de recommander ce titre alors que le premier épisode est aujourd’hui disponible à un tarif plus doux et offre une durée de vie plus conséquente.
Conclusion
Fracasser du zombie, encore et en gore, voilà le postulat peu original de ce Dead Island Riptide qui, s’il reprend les forces de son aîné, en conserve malheureusement aussi les faiblesses. Répétitif, buggé, techniquement peu impressionnant et avare en nouveautés, ce « Dead Island 1.5 » saura malgré tout contenter les amateurs du genre, avides de massacres de zombies à la chaîne et de customisation d’armes.