La Normandie, c’est fini… Call of Duty tourne définitivement la page de la Seconde Guerre mondiale pour laisser la place à l’époque trouble de la Guerre froide, berceau des « opérations spéciales » clandestines et des héros anonymes. Le malheur des uns fait le bonheur des autres : les démêlés du développeur originel Infinity Ward avec Activision offre à Treyarch, jusqu'alors cantonné aux épisodes subalternes de la série, une chance de passer au premier plan avec Call of Duty : Black Ops. Désormais, la série Call of Duty lui doit tout. Une opportunité que les développeurs de Call of Duty 5 : World at War saisissent évidemment à bras le corps pour fournir l'un des meilleurs épisodes de la série.
Campagne
Call of Duty : Black Ops nous ramène dans les premières années de la Guerre froide, dans les années 60, à la naissance des US Special Forces. L'action suit plusieurs personnages, mais l'histoire est celle d'Alex Mason, un agent de la CIA qui a fini dans un camp de travail soviétique. Après le fiasco de la baie des Cochons, il a été capturé par Fidel Castro avant d'être remis entre les mains d'un soviétique nommé Nikita Dragovich.Au début de Black Ops, Mason se réveille ligoté à une chaise alors qu'il est soumis à une séance de torture. C'est cette salle d'interrogatoire (musclé) de la CIA qui vous servira de fil rouge tout au long de l'aventure puisqu'au cours de l'interrogatoire, vous revivez différents chapitres des aventures de Mason. Les souvenirs de Mason vous emmèneront au quatre coins du globe, de Cuba et sa baie des Cochons en passant par la jungle du Vietnam et jusqu'aux confins de la Sibérie. Comme un clin d'oeil des développeurs, on retrouve des personnages de Call of Duty 5 : World at War dans cette campagne, qui fera même des retours dans le temps jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Pendant les premières heures du jeu, le scénario fait un peu bordélique et on ne comprend pas grand chose à ce qu'il se passe. Si la narration est un peu hasardeuse dans les premières heures du jeu, ce dernier a le mérite de ne pas présenter une simple succession de théâtres d'opération pendant la Guerre froide, mais de travailler un scénario qui se déroule pendant ce "conflit" et qui suit une logique qui lui est propre.
Les scénaristes n'ont d'ailleurs oublié aucun cliché du jeu de guerre, avec des scènes toujours plus spectaculaires, des missions toujours plus explosives : des descentes de rivière vietnamienne (sur une musique des Stones, simplement sublime) en passant par des infiltrations de poste de communication en Sibérie ou encore une cours-poursuite sur les toits de Hong-Kong. Le jeu vous mettra d'ailleurs aux commandes de nombreux véhicules avec des voitures, des hélicoptères, des bateaux, des avions espions etc. La plupart de ces scènes sont plaisantes, puisqu'il s'agit de conduire réellement les véhicules et non du bête rail-shooting. Le jeu se paye même le luxe de proposer des scènes de cinématiques très réussies (tout comme l'étaient celles de World at War) mêlant habilement images d'archives et images fabriquées ; voire carrément des scènes qu'on croiraient tout droit sorties de F.E.A.R..
Qu'on ne se méprenne pas, pour fournir du grand spectacle, les développeurs se sont laissés aller au FPS couloir pop-corn, celui qu'on prend dans la gueule comme un gros film d'action. Pas d'énigmes, un seul chemin disponible, pour jouer à Black Ops il faut laisser son cerveau au vestiaire. Cerveau qui sera d'ailleurs bien accompagné par celui de l'IA, qui a quelques neurones de grillés. Le problème de l'IA est en effet assez important, tant au niveau des ennemis que des alliés. Les alliés courent dans tous les sens, passent à côté des ennemis sans leur tirer dessus. Idem pour les ennemis qui peuvent passer à côté de vos frères d'armes, pour vous tuer juste vous. C'est parfois frustrant et somme toute assez ridicule pour un jeu de cette envergure.
Le jeu mérite bien son classement Pegi 18+, avec des mises à mort sanglantes et des démembrements assez bien foutus au fusil à pompe. Certaines scènes sont assez explicites, et c'est plutôt plaisant. La guerre, c'est sale. Par contre, les démembrements ne sont pas aussi poussés que dans un Soldier of Fortune, puisque quand les corps sont tombés au sol, on ne peut plus les mutiler, dommage pour le psychopathe qui sommeille en vous.
Par contre, énorme déception, la campagne n'est pas jouable en coop, et le jeu ne propose pas de modes de jeux coopératifs comme le « Special Ops » de Call of Duty : Modern Warfare 2. Sachant qu'en solo l'aventure se boucle en 6-7 heures selon le niveau de difficulté choisi (un poil plus longue que celle de Modern Warfare 2) et que la rejouabilité est nulle, c'est vraiment dommage. Pour jouer avec des amis, il faudra se tourner vers les zombies.
Graphismes
Le moteur graphique de Call of Duty : Black Ops est celui de Call of Duty 5 : World at War, légèrement amélioré. La version Xbox 360 est légèrement plus réussie que la version PS3 (voir le comparatif) qui sont elles-même un cran en-dessous de la version PC. Cette dernière propose par exemple des textures et des ombrages de meilleure qualité. Les graphismes sont tout à fait acceptables, notamment toute la partie animations qui est très propre. Les environnements ne sont pas grands, et on doit souvent se contenter d'un couloir. Mais il s'agit d'un beau couloir. Reste quand même certaines tares graphiques comme les éclairages et les ombrages qui ne sont pas absolument pas dynamiques.Outre certaines chutes de framerate lors de séquences précises, on notera quelques problèmes de scripts, qui entachent parfois un peu l'expérience. Dans CoD : BO, on se retrouve souvent (tout le temps ?) a suivre des gens, et la progression ne peut pas se faire sans eux. Il faut donc attendre les alliés pour ouvrir les portes, tirer avec son lance-grenades ou encore aller pisser.
Un mot sur l'ambiance sonore du titre qui est de qualité, avec une bande-originale très bien choisie et des musiques qui viennent soutenir l'action. Quel dommage alors que les doublages français et la synchronisation labiale soient si mauvais !
Zombie, mon ami
Le mode Zombies, très populaire sur le précédent titre de Treyarch fait ici son grand retour. Il s'agit d'un mode de jeu coopératif jusqu'à quatre joueurs dans lequel vous devez survivre à des vagues de zombies nazis. Les niveaux sont toujours des bâtiments clos, avec des ouvertures par lesquelles peuvent passer les horribles morts-vivants. Ces ouvertures sont partiellement comblées par des planches de bois qui ne sont qu'un faible rempart contre les zombies. En les tuant, vous gagnez des points qui vous permettent ensuite de reconstruire les brèches ou acheter armes et munitions. Après plusieurs vagues, d'autres parties du bâtiment sont débloquées, avec naturellement des armes de meilleure qualité et des zombies plus nombreux. Ce mode de jeu est assez sympathique bien que plutôt difficile (à deux, c'est assez compliqué de surveiller tous les accès, et même en étant de bons joueurs on est vite submergés). Ce mode de jeu ne propose malheureusement que peu de cartes (quatre, si l'on compte les trois qui sont issues du précédent opus et uniquement réservées aux possesseurs des éditions collector du jeu).Pour compléter ce mode de jeu, les développeurs ont également inclus un mode de jeu caché dont je ne ferai pas l'impasse dans ce test, tant il est agréable. Pour y accéder, il suffit à partir du menu du jeu, alors que vous êtes attaché à la chaise de torture, d'appuyer plusieurs fois sur L2 + R2 (ou barre d'espace sur PC, ou LT+RT sur 360) pour se défaire de ses liens. Libéré de la chaise, vous pouvez désormais vous déplacer et vous rendre dans le fond de la pièce, là où se trouve un petit ordinateur collé au mur et vous connecter au terminal. Tapez "cd bin", puis "doa" pour débloquer le mode Dead Ops arcade. Un jeu en vue du dessus, qui propose également de survivre à des vagues de zombies. Sauf que là, c'est orienté résolument plus arcade et plus fun (mais malheureusement pas jouable en multi).
Pariez vos points COD sur le multi
Mais Call of Duty, ce n'est pas qu'un mode solo vite torché et très scripté, c'est aussi un mode multijoueurs. Et comme tous les ans, c'est là que se trouve le réel enjeu de la série. Les développeurs ont un peu plus innové sur le multi que sur le solo, et c'est une très bonne chose. Le jeu propose toujours une progression basée sur des points d'expérience, mais ajoute cette année des COD Points, une monnaie virtuelle. Le système de progression repose donc désormais sur des points COD et non plus sur l'expérience brute. Pour pouvoir accéder à de nouvelles armes, objets, avantages etc. il faudra donc les débloquer, et ensuite les acheter. C'est donc un double effort pour le joueur, que je ne trouve pas spécialement utile d'autant plus que le nombre d'avantages déblocables, de successions de kills et de modifications est époustouflant.Mais, plus surprenant, il faudra également débloquer les modes de jeu. Au début, on ne peut jouer que sur des modes de jeux basiques (de tête, match à mort, match à mort par équipe et un mode de jeu basé sur des objectifs). Pour avoir accès à tous les modes de jeux, il faudra atteindre le niveau 20 (une dizaine d'heures de jeu) ! Le jeu propose un peu moins de killstreak que MW2 (et moins de modes de jeux il me semble), ce qui n'est pas spécialement une mauvaise chose. Le champs de bataille est un peu plus lisible, et on sait en général d'où provient la mort. Personnellement, j'ai une préférence pour les modes de jeux "purs" et hardcore : dans le premier il n'y a pas d'objets spéciaux, pas de killstreak, juste les armes de base, et dans le deuxième tout pareil et en plus un HUD réduit.
La grande nouveauté de Black Op est cependant les Wager Matches, où vous pariez des Points COD dans une série de modes de jeux, dont certains sont de vrais réussites. Dans Sticks and Stones, vous êtes équipés d'une arbalète avec des carreaux explosifs, d'un tomahawk et d'un couteau, et le résultat est un carnage. Dans One in the Chamber, tout le monde est équipé d'un pistolet avec une seule balle et un couteau — gros stress en perspective. Mais le Gun Game est le plus innovant : tous les joueurs commencent avec un pistolet et reçoivent une nouvelle arme pour chaque kill, mais reviennent à l'arme précédente à chaque fois qu'ils se font poignarder.
Les cartes sont variées tant au niveau visuel qu'au niveau de leurs terrains, et Treyarch veille à ce que vous soyez toujours exposés sous plusieurs angles quand vous rôdez furtivement autour d'un hôtel de La Havane, que vous arpentez des pistes boueuses ou que vous franchissez des ponts de cordes dans la jungle, ou encore quand vous foncez entre des réservoirs d'essence dans un centre de lancement de missiles. Niveau contenu, c'est léger du côté des cartes, qui doivent être au nombre d'une quinzaine. A coup sûr, les map pack se négocieront à près de 15€ sur consoles. Mais bon, les joueurs pratiquent toujours les mêmes niveaux et Nuketown passe en boucle sur de nombreux salons.
Un mot de la version PC qui contient (enfin !) cette année un vrai server browser, des serveurs dédiés mais malheureusement un peu plus de problèmes que son homologue console.
Conclusion
La campagne solo de Black Ops vous entraine en pleine Guerre froide avec un scénario réussi, malgré une narration ratée. Cette dernière n'est pas exempt de quelques défauts techniques, mais il ne manque ni de variété, ni d'action, ni de dépaysement. Son mode multijoueurs est complet et agréable à jouer. Il propose un contenu riche tout en proposant de nouveaux modes particulièrement réussis. Il y avait encore de la marge pour faire mieux (un moteur qui nous décroche la mâchoire serait un plus indéniable), mais le Call of Duty cuvée 2010 parvient sans peine à remplir son contrat et cet opus signé Treyarch n'est pas en deçà de ceux proposés par Infinity Ward.