Les Assassins ont déjà été mis à l'honneur avec succès par les studios de jeux vidéo. On se souvient de Codename 47, le héros contemporain, chauve et armé de 2 flingues de la série des Hitman, ou plus récemment, d'Altaïr, jouant de l’épée et des couteaux de lancer lors des croisades dans Assassin's Creed. Velvet Assassin, quant à lui, vous plonge dans la période usée jusqu’à la corde de la Seconde Guerre Mondiale, mais, pour une fois, dans la peau d’une « assassine ». Un peu de douceur dans un monde de brutes ? Pas si sûr.
Here are my memories
1944, Violette Summer, l’héroïne anglaise spécialiste de l’infiltration a été gravement blessée. Dans sa chambre d’hôpital, elle se souvient des douze missions qu’elle a accomplies avec succès avant d’en arriver là. Chacun de ses souvenirs est ainsi l’occasion pour le joueur d’incarner la demoiselle au cours de ses périples derrières les lignes ennemies, l’introduction se faisant par le biais d’un album photo jauni.Elle s’appelle Summer. Violette Summer.
La charmante Violette aura fort à faire pour mener à bien, seule, ses objectifs. Surtout au début, où on ne dispose que d’un couteau de combat. Tapi dans l’ombre, on avance d’endroits sombres en zones non éclairées, où Violette est ainsi invisible pour l’ennemi (cela est signalé à l’écran par la présence d’un léger halo bleu). On retrouve ainsi un peu le principe de Splinter Cell, puisque la discrétion est à l’honneur tout au long du jeu. Quand on arrive dans le dos de la sentinelle allemande, l’écran vire au rouge dès que vous êtes à portée de l’ennemi, et une séquence in-game se lance lors de l’assassinat. Planté dans le dos, dans l’aine, tranchant la gorge ou défonçant la tempe… les plaisirs du couteau sont variés et aléatoires, d’après l’éditeur, au nombre d’une cinquantaine. Il vaut mieux alors déplacer les cadavres pour ne pas attirer l’attention.Assez rapidement, on obtiendra des armes à feu (une demi-douzaine sont présentes dans le jeu, dont un lance fusée éclairante peu discret mais un peu original), mais, munitions limitées obligent, le couteau sera votre principal ami. Mais face à des ennemis qui sur le qui vive, difficiles à approcher, comment lutter ?
Dans les bras de Morphine
C’est là que la morphine intervient. Une sorte de time bullet, comme on l’a déjà vu dans d'autres titres comme Max Payne, avec notamment une jauge en forme de seringue qui se vide lors de l’utilisation, en quelques secondes. Durant cette période, les développeurs ont eu la bonne idée de mettre Violette en nuisette dans un nuage de pétales de fleurs… plus que surprenant au début ! Durant ce court instant où le cours du temps est stoppé, on peut s’approcher beaucoup plus facilement des soldats pour les planter ou au contraire échapper à une patrouille un peu trop nombreuse. D'ailleurs, c'est seulement droguée que Violette peut assassiner de face un méchant SS qui lui barre la route. Mais comme la Morphine est disponible seulement en quantité réduite, il va donc falloir user de subterfuges et se la jouer commando !Infiltration
On va notamment pouvoir jouer avec les cadavres des ennemis faciles à abattre pour attirer ceux plus difficiles à atteindre, tout en profitant des coins obscurs. Plus drôle, il est possible de dégoupiller la grenade pendue à la ceinture du planton de service. Boom !On a aussi la possibilité de siffler, mais seulement quand on n'a pas le masque à gaz vissé sur la tête, logique. Le level designer a aussi parfois semé ce chemin d’embûches, qui peuvent être soit source d’ennui, tel du verre cassé qui empêche d’être silencieux, ou qui au contraire peuvent être utilisées à bon escient, comme des flaques d’huile, qui enflammées d’une balle, font des beaux barbecues.
A certains endroits, il faudra absolument profiter des actions prévues par le jeu : casser une boite à fusible pour couper la lumière, éteindre la radio, remonter un disjoncteur pour électrifier une flaque d'eau … La liberté de mouvement parait parfois trop « encadrée ». Ne parlons pas de la linéarité, elle est omniprésente. Dans le meilleur des cas, une pièce a deux entrées ; les gardes font toujours les mêmes rondes… Quand on pense à Assassin’s creed…
On découvre aussi les talents de comédienne de Violette au moment où elle endosse un uniforme SS. Calot gris vissé sur la tête, bottes à talons qui claquent, elle marche droit comme un I, passant à peu près inaperçue des gardes, sauf à s’approcher trop. Une barre indique justement le niveau de détection dans ce « mode », ce qui fait que suivant l’accoutrement de la belle, la façon de jouer est différente, ce qui offre des perspectives intéressantes. On peut presque dire qu’il y a 2 gameplays, et pour passer de l’un à l’autre, il faut que l’espionne se change, soit dans une grande armoire, soit dans les toilettes. Cela n’est malheureusement pas possible sur tous les niveaux. Là encore, il faut faire avec ce que les développeurs ont prévu.
Kleptomanie et levelling
Velvel Assassin dispose d’un système de point d’expériences, permettant d’améliorer les compétences de notre héroïne. Tout d’abord, on gagne de l’XP en récupérant des objets précieux dissimulés dans les niveaux. Ils émettent, comme tous les objets à ramasser, un léger éclat, ce qui facilite un peu la tâche. Chevalière en or, briquet de luxe, boite à cigare en argent et autres permettent d’améliorer trois compétences distinctes : la durée de la dose de morphine, la vitesse à laquelle on évolue en mode furtif (accroupi) et la résistance aux balles. Tous les mille points, on a droit à une étoile, que l’on affectera à l’une ou l’autre des caractéristiquesCe système mène à des choix cornéliens : je vois un objet qui brille dans la cabane dehors, mais il y a un garde qui patrouille juste devant, en pleine lumière. Prends-je le risque d’y aller ou pas ? Le système de sauvegarde par checkpoint venant corser encore plus le choix, vu que toute mort vous ramène forcement en arrière.
D’ailleurs, le système de checkpoint est vraiment appliqué bêtement. En cas de décès, on perd les objets qu’on a trouvés depuis la dernière sauvegarde, cela impliquant une perte de points d’expérience lui-même menant à la perte des étoiles qu’on avait affectées… Sur un passage délicat, j’ai ainsi du ramasser l’harmonica une dizaine de fois, cela me donnant une étoile que je devais réaffecter à chaque fois… franchement pénible. D’ailleurs, il faudra vraiment être vigilant, certains items étant vraiment bien cachés ou donnés lors de l'accomplissement d'objectifs "secrets". En prenant un peu de temps pour chasser quelques un de ces "oeufs", et en mode normal, la durée de vie se situe entre 6 et 8 heures. Tous les trouver en mode difficile vous occupera bien d'avantage.
Miroir, Miroir
Les graphismes sont tout à fait dans la norme des productions actuelles. Il a un peu le défaut de forcer le trait sur le HDR, notamment en extérieur, et côté physique, c’est le PhysX de Nvidia qui est utilisé, de manière minimale, par les développeurs allemands. Le rendu de la tête de Violette semblait être étrange, puisque qu’on voyait au travers. Je n’ai pas réussi à déterminer si c’était, comme on dit, un bug ou une fonctionnalité. (voir la config de test plus bas). Le reste du corps est, quant à lui, parfaitement rendu et nul doute qu’il flattera l’œil de plus d’un joueur (voir capture).Les ennemis sont assez intelligents dans leurs comportements, mais on ne peut s’empêcher de trouver que Violette manque de souplesse et d’agilité lors de ses déplacements. D’ailleurs, elle ne peut pas sauter ou grimper n’importe quand, on ne peut le faire qu’aux endroits où c’est prévu, auxquels cas les touches à utiliser apparaissent. Un peu simpliste, mais fonctionnel. Pour poursuivre dans le « simpliste », parfois, quand on ouvre une porte, on se retrouve automatiquement de l’autre côté, sans l’avoir vue s’ouvrir. De même pour les échelles. Pas vraiment gênant en soi, mais cela démontrerait-il que Replay a préféré ne pas faire d’animations plutôt que de les faire mal ?
Un clavier azerty en vaut 2
Un mot sur l’interface du jeu, notamment sur la configuration des touches. Tous les développeurs devraient prendre exemple sur ce qui a été fait sur cette partie du jeu. C’est clair, visuel, net et précis. Ça change des daubes inserviables qu’on a pu voir, même dans des jeux AAA. Monsieur Valve, prenez en de la graine !Version Originale
Au niveau ambiance, le choix de ne pas doubler les voix, mais seulement des les sous-titres est une excellente chose. Vivi parle anglais, les soldats du Reich parlent allemand, et les résistants, français, la logique est respectée, et on n’a pas les mauvais doublages en français avec accent qu’on obtient habituellement. Il n’y a pas de musique, seulement des bruitages et cela renforce l’immersion. On passe pas mal de temps à écouter les ennemis parler entre eux, cela permettant d’obtenir certaines informations intéressantes ou bien cela nous indique qu’ils sont trop occupés pour nous avoir à l’œil et qu’il est temps de bouger.De Violette Summer à Violette Szabo
Bien sûr, tout cela n'est qu'un jeu vidéo. Et pourtant, il y a un peu plus que ça. Les quelques lignes que vous venez de lire parlent de Violette Summer. En fait, elles nous parlent d'une autre Violette, Violette Szabo, qui a, elle, réellement existé. Anglaise née en France, agent secret pour la S.O.E, elle fut finalement capturée, torturée et déportée.Certains niveaux qu'on traverse sont basés sur des fait réels, atroces, ceux de moments bien noirs de l'Histoire : l'opération Gomorrhe, qui a couté la vie à 40000 civils, le ghetto de Varsovie, et summum de la cruauté humaine, Oradour-sur-Glane. On peut difficilement rester indifférent à l'évocation de ces réalités historiques. Certains passages peuvent choquer les âmes sensibles, et ils sont d'ailleurs fait pour ça. Même certains dialogues sont crûs, notamment sur comment faire brûler des corps... Les allemands de Replay nous font ainsi, à leur manière, leur devoir de mémoire. Un petit tour sur wikipedia après la fin du jeu permettra au joueur de combler ses lacunes en histoire...
Conclusion
Alors, au final, que retenir de Velvet Assassin ? Les souvenirs de la charmante et très british Violette Summer nous conduisent dans un TPS d’infiltration d’assez bonne facture, aussi bien sur le gameplay varié, et l’ambiance que sur l’aspect graphique. L'aspect historique et sombre du background, soigneusement distillé au fur et à mesure de la progression dans le scénario, donne une dimension supplémentaire au titre. Cependant, la rigidité toute teutonne, la linéarité et les « figures imposées » pourront en énerver plus d’un. Disponible à 29.99 € en téléchargement chez notre partenaire DLGamer, le rapport qualité/prix de ce jeu est un plus non négligeable, qui aidera à faire oublier un système de checkpoints bancal et quelques aspects bruts de fonderie.Config de test :
Core 2 Duo E6420
HD 4870 1 Go
3 Go RAM
XP SP3