Apocalypse maintenant !
Exilé dans les profondeurs de la planète Sera par les humains il y a des millénaires, le peuple Locuste avait longuement préparé sa vengeance. Déterminé à reconquérir la surface par tous les moyens, il a déclenché une longue guerre apocalyptique. Des humanoïdes à la peau de reptile ont commencé à surgir du sous-sol pour exterminer l'humanité, mettant un souk pas possible dans l'univers tout gris et un poil totalitaire de la belle société d'ordre des hommes.Dans ce contexte sombre, vous jouez un marine du futur. Incarcéré pour insubordination au sein de l’armée, le jeu commence par sa libération pendant que les combats font rage au dehors de la prison. On a en effet besoin de son aide pour retrouver une certaine équipe Alpha...
Dès le début du jeu, on comprend que ce scénario débile ne nous absorbera pas le moins du monde. On préfèrera admirer les jolis graphismes et tenter de se familiariser avec des contrôles assez peu intuitifs (pour des joueurs de FPS) et qui, de prime abord, gâchent légèrement le plaisir. Ce n'est pas qu'ils soient complexes, mais le peu de boutons présents sur un pad de Xbox 360 a obligé les développeurs à intégrer une "touche à tout faire" qui provoque une action en fonction du contexte. Si bien qu'au lieu de sprinter pour s'échapper d'un méchant armé de tronçonneuse, il arrive qu'on se mette malencontreusement à attendre la mort en allant se coller contre un mur. Heureusement, au bout d’une heure, on arrive à peu près à maîtriser le bouzin pour profiter pleinement de l’action. Car de l’action, il y en a dans ce jeu. C’est d’ailleurs là que réside tout son intérêt. Des temps morts courts et des combats intenses se succèdent à un rythme soutenu, si bien qu’on a peu de temps pour respirer. À l'aide de cette fameuse touche contextuelle, le héros se plaque contre les murs, se baisse derrière un obstacle pour échapper aux balles, saute élégamment d'abris en abris. L'éventail d'actions est peut-être restreint, et il a beau être impossible de sortir des couloirs scriptés qui nous sont impartis, l'alchimie opère. On a un l'impression d'être dans un bon film d'action grâce à des animations et des jeux de caméra très réussis (comme lorsqu'on sprinte). Un peu à la manière d'un Resident Evil 4, la vue très près du personnage donne des sensations proches de celles d'un FPS, ce qui favorise grandement l'immersion.
Mais pourquoi sont ils si méchants ?
Les ennemis sont particulièrement agressifs et coriaces. Ils le sont d'ailleurs un peu trop... Devoir vider un chargeur dans une tête pour avoir le plaisir de voir son propriétaire baisser le genoux à terre est assez irritant par moments. Si on s'en sort assez facilement dans le mode de difficulté le plus simple, le mode Hardcore donne pas mal de fil à retordre (sans parler du mode Insane, qui n'est d'ailleurs pas accessible dès la première partie).Heureusement, pour vous aider dans votre périple, vous aurez droit à une escorte de PNJ. Assez intelligents comparé à ceux de la concurrence, ils fournissent une aide réelle : ils ne visent pas comme des pieds, et attirent les tirs ennemis, ce qui vous soulage d'un poids. Car Dieu sait qu'avec une gestion de la santé semblable à celle de Call of Duty 4, il suffit souvent de trois méchants vous canardant simultanément pour mourir en un éclair. Malheureusement, les instincts légèrement kamikazes de ces alliés font qu'ils se retrouvent souvent blessés, sans pouvoir bouger en plein milieu du champ de bataille. Rassurez-vous, les locustes respectent les conventions de Genève et ne s'attaquent jamais à un marine à terre, ce qui vous laisse tout le temps d'aller les réanimer si vous êtes acculé. Cette petite invraisemblance nuit au réalisme, mais permet toutefois de maintenir la difficulté à un niveau acceptable. Il vaut tout de même mieux les garder en vie, histoire de fournir une plus grande résistance à ceux qui veulent votre mort.
Vos assassins potentiels apparaissent sous des formes diverses. On a les troufions de base qui utilisent des armes conventionnelles, les "wretches", sortes de créatures furtives et rapides qui attaquent en meute dans le noir, mais qu'un coup de boule réduit en poussière, ou encore les boomers, gros malins armés de lance-grenades et criant "Boooom" sans arrêt... N'oublions pas quelques Boss assez terrifiants et d'autres surprises, et vous aurez un joli bestiaire, varié juste comme il faut. S'il cause bien des soucis, sa résistance dépend évidemment de votre habileté et des armes qui sont à votre disposition.
Ces dernières, au nombre de dix, manquent parfois un peu de patate. Mais certaines valent vraiment le détour. Au fil des niveaux, vous ramasserez des outils de charcutiers assez performants pour pouvoir bénéficier pleinement de tous les effets gores du jeu. Car, et c'est peut-être le détail le plus important, le sang se répand ici par torrents ! Pour peu qu'on ait une arme suffisamment puissante, les ennemis finissent éparpillés façon « puzzle », et les murs repeints en rouge. À ce sujet, la tronçonneuse faisant office de baïonnette sur l'un des fusils du jeu fait des miracles. Si elle n'est pas vraiment facile d'accès de par sa lenteur, on éprouve un plaisir orgasmique à fendre un ennemi en deux en éclaboussant littéralement la caméra de litres d'hémoglobine.
Un jeu rouge et... gris
Le sang fait un peu penser à celui qu'on voit gicler dans le film 300, ou plus récemment dans John Rambo. Il est très esthétisé, peu réaliste, et donne la satisfaction juvénile de l'explosion du bouton d'acné. C'est l'un des nombreux effets réussis de ce jeu, qui, graphiquement, en met plein les yeux. Le moteur de l'Unreal Engine 3 fait des étincelles, et nos yeux sont repus à la fin de chaque partie. Par contre, on ne peut que déplorer un certain manque de variété des décors. Les deux tiers du jeu se déroulent dans des villes aux bâtiments gothiquo-totalitaires grisâtres et en ruine (guerre oblige). S'il y a des endroits très sympathiques, comme un réseau de cavernes souterraines ou un train lancé à pleine vitesse, on a un peu l'impression de voir toujours la même chose. Rien de très grave cependant, car cela reste très beau.Il manque pourtant à Gears of War l'étincelle qui en aurait fait un jeu inoubliable. À l'instar des niveaux qu'on traverse, l'action, si intense soit-elle, est assez répétitive. On se cache, on tire, on avance, on se cache... Sans véritablement s'ennuyer, notamment grâce à de (trop) rares phases de jeu originales (des Boss spectaculaires, la conduite d'un gros véhicule, la traversée d'un plancher cassant sous lequel se trouvent des hordes de monstres affamés...), on n'éprouve pas vraiment le besoin de terminer au plus vite sa journée de travail pour continuer sa partie. Les level designers se sont contentés de créer des couloirs remplis d'obstacles constitués à 70% de murets et de piliers. Au point que, pour meubler les somptueuses cavernes qu'ils nous font traverser, ils ont installé un peu partout de vulgaires saillies rocheuses carrées qui crachent avec le décor naturel et irrégulier par leur aspect très artificiel... Dommage.
Verdict
S'il ne parviendra jamais à s'inscrire durablement dans nos coeurs, Gears of War est un jeu qui vaut le détour. Extrêmement beau, même un an après sa sortie sur Xbox 360, les sensations intenses qu'il procure remplissent convenablement la vingtaine d'heures nécessaires à son achèvement. Mais vous êtes prévenus, n'allez pas vous ruer en magasin en espérant y acheter autre chose qu'un agréable passe-temps. Peu original et légèrement envahi de grisaille, l'acheter revient un peu à gagner un voyage en Vendée au Juste Prix. C'est très sympa, mais ça aurait quand même été mieux de partir une semaine aux Caraïbes...Configuration de test :
- Core 2 Duo
- 2 Go RAM
- X1900XT Radeon Saphire
- 19 pouces, 1024*780 lors du test
- jeu en version anglaise
Sauf que... Le boss de fin... Je ne lui ai pas réglé son compte, car je ne dispose pas des armes adéquates, apparement. lepape, lui a tu bousillé la tronche, toi ?