Retour vers le futur de black mesa 17
Commençons justement par l’histoire. Aux Etats-Unis, une équipe de chercheurs travaille sur le projet « Quantum », dont le but est de mettre au point des combinaisons temporelles. Ils parviennent à fabriquer 2 prototypes : la combinaison Alpha et la combinaison Bêta.Cette équipe de scientifiques est dirigée par un certain Adien Khrone, à la personnalité vaguement mégalo-maniaque. Il finit par voler la combinaison Alpha, afin de repartir dans le passé pour le modeler à son image, assez hitlérienne.
Vous, un autre scientifique, n’avez que le temps d’enfiler la combinaison Bêta avant que tout n’explose. Votre but : arrêter Khrone pour que le cours du temps ne soit pas modifié. D’entrée de jeu, on se retrouve avec un joli mix de retour vers le futur pour la trame scénaristique et de Half-Life pour le personnage, tout de technologie vêtu. Cependant, tout part de travers, et vous vous retrouvez bloqué dans ce passé sinistre qui ne s’est jamais produit.
Une histoire du temps
Vous sautez donc dans le passé, transformé par Khrone lui-même. Le Magistrat, comme il se fait appeler, ayant apporté la technologie moderne dans un 1939 alternatif, on rencontrera par exemple des systèmes de défenses laser dans des bâtiments de briques, anachronismes visibles d'une utopie scientiste.C'est équipé de la bêta suit, une « nano suit », vous donnant, pour une courte durée, le contrôle du temps que vous évoluerez pendant une grosse dizaine d'heures. Et cet avantage ne sera pas de trop, au vu des nuées d’ennemis qui peuplent les différents niveaux du jeu et de l’environnement qui pourra être plus qu’hostile.
Pour vous sortir de là, vous aurez tout d’abord accès au ralenti. Strict équivalent du timebullet, vous évoluez dans un monde où la lenteur de vos ennemis permet d’éviter leurs balles, de les atteindre plus facilement et de vous mettre à couvert avant que le pouvoir ne cesse, en attendant de se recharger. Ce système, vraiment popularisé dans le TPS Max Payne, a déjà fait ses preuves dans des FPS comme Doom3 : Résurrection of Evil, et plus récemment FEAR.
Le mode « pause », lui, est vraiment innovant. Tout se fige. Ennemis, munitions en l’air, roquettes d’hélicoptère, mais aussi les flammes bouchant l’entrée dans un tunnel ou l’électricité rendant une flaque d’eau mortelle.
Car Timeshift incorpore aussi des passages « puzzle », où les pouvoirs temporels et votre agilité vont seront nécessaires pour progresser. On s’attend presque à avoir un gravity gun…
C’est surtout dans ces moments qu’on appréciera l’inversion temporelle. Vous devez traverser un tunnel dont le plafond s’écroule en s’approchant de vous ? Déclenchez ce pouvoir et le tunnel se « reconstruira », le flux du temps s’écoulant à l’envers. Assez déroutant au début pour notre esprit tellement habitué à ne pas penser en 4 dimensions.
SSAM, c’est celle qui conduit
La bêta suit embarque SSAM, une intelligence artificielle qui vous donne des conseils, qui gère votre santé et vos pouvoirs temporels. Ainsi pas besoin de PDA ou autre, c’est la combinaison qui recueille les informations, notamment vos objectifs. A noter aussi que tout au long de l’aventure, SSAM vous « présélectionne » le pouvoir temporel le plus adapté à la situation. Libre à vous d’en tenir compte ou pas.On dispose en fait de 4 touches : une par pouvoir (Ralenti, Stop, Retour) et une pour activer directement la recommandation de l’intelligence artificielle. Elle vous indique aussi quand elle a détecté une source de danger potentiel, et il faut en général réagir promptement. On remercie le jeu de faire des sauvegardes automatique très régulièrement, si on a pas l’habitude de faire des quicksaves. Notons qu’à ce sujet que toutes les sauvegardes rapides sont conservées. Cela prends de la place sur le disque dur, mais au moins, on n’a pas la frustration de devoir recommencer un niveau entier à cause d’une mauvaise manipulation.
Leuveulle dysaïgne
En parlant des niveaux, justement, on a une alternance de niveaux intérieurs et de niveaux extérieurs, avec utilisation d’un véhicules que l’on pilote, le quad. On a aussi droit à deux séquences de shoot à partir d’une tourelle embarqué sur un gigantesque Zeppelin.Une construction somme toute classique, mais cohérente et équilibrée dans l’univers du jeu. La liberté d’action est cependant quasi nulle. Timeshift est donc linéaire au possible, comme bon nombre de FPS.
Narration system : failure
Au fur et à mesure du jeu, on découvre par des vidéo ce qui s’est passé avant votre saut. Et c’est la que le bât blesse. Ces vidéo, de très bonne qualité, ne durent que 10 secondes à tout casser, et apparaissent un peu n’importe quand. Elles sont heureusement consultables depuis le menu du jeu, mais il faut souvent les regarder plusieurs fois pour espérer en comprendre les implications. Certes, ce système de narration est assez original, mais demande au joueur un certain effort pour remettre les morceaux dans le bon ordre et pour comprendre les non-dits.De plus, on n’a aucune empathie avec le personnage que l’on dirige. Si Gordon Freeman ne parle pas, il a au moins un nom, un prénom, un faciès et une histoire. Ici, rien de tout ça. A force de vouloir mettre le joueur dans la peau du personnage, on aboutit à l'exact opposé. Mais peut être que la véritable héroïne du jeu, c’est SSAM ?
Guns. Lots of guns.
L’arsenal à votre disposition est assez classique, mais chaque arme a une vraie personnalité, une vraie gueule, qui fait qu’on s’attache très facilement. Mes préférées ? Le « Shattergun », un double pompe très efficace, et surtout l’arbalète à carreaux explosifs retardés. On peut ainsi soit faire un headshot avec la lunette intégrée ou laisser le dard qui s’est planté dans le bras d’un soldat l’envoyer en enfer. Le choix des flingues sera parfois difficile, car vous ne pouvez pas en porter plus de 3 simultanément.De plus, si au cours d’un affrontement, vous vous retrouvez juste en face d’un garde avec le chargeur vide, vous aurez, tout comme lui, la possibilité de lui casser la tête d’un coup de crosse.
Chaque soldat ennemi que vous aurez vaincu lâchera son arme, vous permettant de la récupérer. Vous pourrez aussi les voler directement dans leurs mains, en mettant le temps en mode « Pause ». Assez fun de voir le soldat qui vous tirait dessus il y a 30 secondes mettre les mains en l’air pendant que vous le tenez en joue avec son propre fusil d'assaut.
Cependant, l’IA est très maligne. Détournez votre attention de celui que vous ne considérez plus comme une menace, et il se mettra accroupi, et ira chercher l’arme de l’un de ses défunts collègues !
Voyage au pays des petits malins
Non seulement les ennemis sont nombreux, mais l’intelligence qui les gouverne est développée. Dans les endroits clos, ils se mettent à couverts, s’accroupissent. Si vous avez abattu un servant de tourelle, un autre soldat ira reprendre les commandes pour vous arroser à son tour. Les grenades seront donc utiles pour faire place nette. Les développeurs ont fait un clin d’œil à Halo sur ce coup là : on dispose en effet de grenades collantes bleutées. L’ennemi aussi, d’ailleurs, et il ne s’en prive pas. Les troupes de Khrone sont d’ailleurs variées : de l’infanterie de base aux soldats volants, en passant par les soldats temporels et en incluant quelques véhicules lourds.Tout est dans le physique
Une chose est sûre, le moteur physique de Timeshift est une réussite. Les impacts de balles et d’autres munitions laissent des traces indélébiles dans les murs et un pilier ayant reçu une grenade montre son armature d’acier, tandis que les gardes alentour volent au ralenti dans de jolies paraboles. La gestion de la balistique est aussi intéressante. Certains soldats ont des casques, d’autres pas, et de ce détail pourra dépendre la réussite d’un headshot avec les armes les plus faibles.De plus, on apprécie aussi la conduite du quad, ce véhicule tout terrain bien plus sympa à conduire que le buggy de Half-life. Au niveau des graphismes, c’est du très propre. Textures, rendus de l’eau, flammes, rien à redire à ce sujet, et le tout sans mettre la machine de test à genoux (un core 2 Duo, épaulé par 2 go de RAM et une 8800 GTS).
Conclusion
Au final, Timeshift est un FPS fun, et très efficace, bien que certains le trouveront facile ou bien seront lassés par le rythme en 2 temps « Action au ralenti – Attente à couvert que les pouvoirs et la santé se rechargent ». De leur coté, les moteurs graphiques et physiques font très bien leur boulot pour servir au joueur un univers alternatif cohérent, où le timeshifting prends toute son ampleur.On regrettera cependant d’avoir un personnage dont le charisme est aussi épais que celui d’une feuille à cigarette coupée en 10 dans le sens de l’épaisseur et une narration trop complexe à suivre. N’est pas monteur de 24H Chrono qui veut ! Le côté "Half-Life" donne parfois aussi une impression de "déjà vu", mais qui n'enlève rien au plaisir de jeu manifeste que procure ce titre.