Un commando du futur dans un décor de rêve
Après quelques paramétrages indispensables (histoire de savoir si le PC tiendra le coup), on est parachuté dans une histoire aux relents nanardesques.
On incarne Nomad, membre d’un commando d’élite des Etats-Unis de l’an 2020. Infiltré sur une île tropicale des Philippines avec ses camarades, il doit délivrer une équipe d’archéologues des mains d’une armée d’affreux communistes Nord-coréens. Mais ce qu’il ne sait pas, c’est que la découverte qui a suscité le vif intérêt de ces derniers est liée à une civilisation de méchants aliens belliqueux venus d’une autre galaxie. Heureusement, il est vêtu d’une nano-combinaison qui le protège très bien (même si elle lui sert fortement les roubignoles). Il peut donc partir tranquillement à l’aventure.
Directement dans la lignée de Far cry, la première chose qui saute aux yeux est évidemment la qualité graphique ahurissante du titre. Avec un bon PC, il arrive qu’on perde du temps à s’arrêter pour regarder le paysage magnifiquement recréé, la réalité n'a jamais été aussi bien retranscrite. Les models des personnages sont bourrés de détails, les lumières sont gérées à un niveau proche de la perfection, les eaux des ruisseaux qui coulent sur les pierres scintillent avant de se jeter dans la mer turquoise... La physique particulièrement aboutie rend également le monde de Crysis plus cohérent que dans tous les jeux de la concurrence.
Mais n'oubliez pas que cela n'est valable qu'avec un PC de dernière génération. A partir de réglages en Low/Medium, le jeu perd pas mal de sa saveur (sans en devenir mauvais pour autant). Car comme tout le monde s'en doutait déjà, Crysis est un jeu qui s'adresse avant tout aux riches, capables de se payer un PC avec un gros dual core et une 8800 GT.
Une armure au coeur du gameplay
A vrai dire, les interrogations des gens portaient plus sur le gameplay, duquel on peut difficilement juger sans l'avoir testé. Eh bien sachez qu’il ressemble beaucoup à celui de Far Cry, mais avec une armure high-tech en plus et beaucoup moins de niveaux en intérieur. Linéaire dans sa progression, le jeu dispose toutefois de zones très vastes que l’on peut aborder par de nombreux moyens. Et les possibilités offertes par la nano-combinaison diversifient ce choix.
Ce petit bijou de technologie permet de faire des trucs incroyables de façon très simple. En appuyant sur une touche, on ouvre un menu listant cinq icônes sélectionnables d’un simple mouvement de souris. Quatre d’entre elles vous donnent des pouvoirs surhumains (la cinquième ne donnant accès qu’à une modification de l’arme que vous avez en main). L’armure permet de supporter plus de dégâts, la force augmente la puissance des poings et autorise des bonds à grande hauteur, la vitesse booste les muscles des jambes, pour rivaliser avec Bip-bip, et le camouflage rend invisible pendant un certain temps.
Si on ne peut pas les combiner, il faudra tout de même jongler avec ces pouvoirs pour livrer les combats les plus intéressants possibles (par exemple, attraper un ennemi pour en assommer un autre grâce au mode « force », puis jongler en mode « armure » pour faire face à la contre attaque, enclencher l’« invisibilité » pour passer dans le dos de vos assaillants, les massacrer, et enfin, prendre la fuite avec le mode « vitesse »). Notons que Crysis est l’un des rares FPS où le choix de l’infiltration est réellement possible. Si dans Far Cry, avancer deux mètres en territoire ennemi débouchait sur un combat, c’est bien différent ici. Le tout est particulièrement visible en mode Delta. La mort survenant très vite, on est souvent obligé d’éviter les grosses batailles. On s'amuse donc à imiter Sam Fisher, avec un silencieux vissé sur un pistolet (pour le style, seulement pour le style).
Car il faut savoir que si ces aptitudes artificielles sont utiles, elles ne vous transforment pas pour autant en quelqu’un d’immortel. En effet, sur le HUD, on distingue une barre bleue au dessus de la barre de santé. Il s’agit du niveau d’énergie de votre combinaison. Si elle se régénère automatiquement (tout comme la barre de santé d'ailleurs), elle le fait plus lentement qu'elle ne se vide, et limite par conséquent vos pouvoirs. Et c'est encore plus vrai lors des combats, car chaque balle reçue l'entame un peu plus. Il est donc fréquent qu'on perde toutes ses capacités là où on en aurait eu le plus besoin. C'est parfois frustrant, mais on apprend vite à faire avec.
Pyrotechnie
En plus de l'armure, vous aurez droit à tout un arsenal pour vous venir en aide. Il va du pistolet à la mitrailleuse lourde, en passant par le bazooka, le traditionnel fusil à lunette et l'indémodable Kalashnikov. Mais à part une ou deux armes sortant du lot, il est trop classique et assez réduit. Vous pourrez tout de même rajouter des accessoires, comme des silencieux, des lance-grenades ou des viseurs (c'est mieux que rien !). Des véhicules sont également à votre disposition, comme des bateaux ou des 4x4 lourdement armés. Par contre, pour ce qui est du tank et de l'hélicoptère, vous ne pourrez y toucher que lors de phases de jeu très précises (heureusement bien réalisées).
Avec ce matériel, le feu d'artifice est au rendez-vous. Les explosions sont magnifiques, les ennemis meurent avec style et la gestion particulièrement réaliste de la physique donne un spectacle grandiose. Il suffit de lancer une grenade dans une maison pas trop solide pour qu'elle s'effondre et ensevelisse un groupe de Coréens. Et lorsqu'on balaie la jungle d'une longue rafale de mitrailleuse, il arrive qu'un palmier se brise et tombe sur un adversaire malchanceux. Tout irait à la perfection si d'obscurs censeurs Allemands n'avaient pas obligé les développeurs à rendre les cadavres immobiles. En effet, les balles les traversent sans les toucher et une grenade ne les fait même pas bouger. Mais le plus horrible est qu'ils disparaissent après un certain laps de temps, ne laissant sur le sol que leur arme et une tache de sang. Ces caractéristiques sont totalement inadmissible pour un jeu se voulant réaliste, et on espère tous qu'un amateur nous sortira un patch pour corriger les stupidités résultant du caca-nerveux de neuneus aux valeurs familiales exacerbées.
Des méchants très méchants
Ces débiles sont toutefois moins dangereux que les Nord-coréens. D'une intelligence artificielle suffisante pour s'organiser et vous traquer, ceux-ci sont difficiles à fuir, même avec votre combinaison. A pied, derrière une mitrailleuse ou au volant de véhicules (4x4, bateau, tank, hélicoptère...), c'est toute une armée qui vous poursuivra si vous la provoquez. Notez d'ailleurs que vous ne rencontrerez pas d'autres adversaires que des militaires Coréens avant d'avoir vraiment bien avancé dans le jeu.
Quand on rencontre enfin les Aliens, on constate qu'ils sont beaucoup moins stressants que les mutants de Far Cry. D'aspect assez bizarre, ils ont un air de famille avec les robots tueurs de Matrix. Mais c'est le cas uniquement lorsqu'ils portent leur armure. En effet, l'air de la terre étant trop chaud pour eux, ils ne se dévêtissent que dans leur vaisseau spatial (dont la visite est certainement l'un des meilleurs moments du jeu). Et pour se balader à poil sur la planète qu'ils veulent coloniser, ils la gèlent. C'est d'ailleurs l'occasion pour le joueur de découvrir des paysages de jungle sous la neige à couper le souffle. On aurait presque envie d'enfiler les skis et de construire un chalet.
Conclusion
Crysis ne déçoit pas, il donne exactement ce qu'on attendait de lui. Si on passe outre certains bugs très gênants mais qui seront vite corrigés, si on possède une configuration dernier cri et si on prend la peine de jouer dans un mode de difficulté suffisant, en savourant le jeu, on peut facilement passer une quinzaine d'heures magiques. C'est un peu court, mais on se replonge très facilement dans une nouvelle aventure. Vous DEVEZ le posséder.